Cet article abordera le coup d’État militaire en Guinée, ce qui affecte son économie, ses relations avec les organisations sous-régionales, et plus sur son avenir par la voie internationale.
La République de Guinée est un pays d’Afrique de l’Ouest qui compte environ 13 millions d’habitants et dont la superficie est de 245 857 km2. Elle est composée de quatre grandes régions naturelles, à savoir : La Haute Guinée, la Basse Guinée, la Moyenne Guinée et la Guinée forestière. Le pays est très riche en termes de ressources naturelles du sol et du sous-sol mais souffre encore des conséquences de la corruption, de la mauvaise gestion financière et de l’impunité, etc.
Le pays dirigé par le président Alpha Condé depuis 2009, a connu de nombreuses réformes notamment dans les domaines économique, diplomatique, infrastructurel, militaire et électrique. Malgré ces réformes dans les domaines ci-dessous, la corruption, l’impunité et la mauvaise gestion financière étaient toujours à l’ordre du jour. Les détournements de fonds publics étaient monnaie courante, tant de la part des ministres que des directeurs généraux à tous les niveaux.
Le président, victime de son grand âge, n’avait plus le contrôle de l’appareil exécutif et judiciaire. Cette situation indigne a suscité la colère de la population à tous les niveaux entraînant des soulèvements populaires, c’est-à-dire des grèves des enseignants pour une augmentation des salaires, des grèves politiques pour dénoncer leur mécontentement par rapport aux détournements publics.
D’ailleurs, ces mouvements populaires de lutte contre les maux dont souffrait le pays n’apporteront malheureusement rien comme solution jusqu’au 5 septembre. Ainsi, dans la nuit du 4 au 5 septembre 2021, le groupe de forces spéciales dirigé par le lieutenant-colonel MAMADI DOUMBOUYA renverse le président Alpha Condé pour son silence face au comportement indigne de ces cadres malhonnêtes.
Il est important de noter que cette prise de pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement a changé beaucoup de choses dans la gestion de l’appareil étatique, notamment dans l’accélération des infrastructures déjà négociées par le président déçu. Au vu du rythme des putschistes, peut-on conclure qu’il s’agit de la réalisation des prémonitions du premier président Ahmed Sékou Touré ou les Guinéens sont-ils tombés de Charybde en Scylla?
Pour cela, une analyse approfondie de la situation sera plus que nécessaire pour orienter les guinéens sur les conséquences possibles de ce coup d’état militaire sur nos différents secteurs d’activités.
Qui sont les éléments du groupement des forces spéciales et pourquoi ce coup d’état?
Le groupement de forces spéciales créé par le président déçu lui-même en 2018 avait pour objectif de protéger la Guinée contre les menaces terroristes dans la sous-région, mais aussi d’assurer une intervention rapide partout où cela est nécessaire sur l’ensemble du territoire national.
La première sortie des forces spéciales a été appréciée de tous, lors de la célébration de l’an 60 de la république de Guinée au stade du 28 septembre en présence de plusieurs invités spéciaux venus de toute l’Afrique. On a également noté une ovation sans précédent de la population, donnant une certaine autonomie et célébrité au groupement des forces spéciales d’une part, et d’autre part, un soutien extraordinaire du président envers le groupe.
Le groupe, devenu intouchable, était presque détaché du ministère de la défense, dirigé à l’époque par Mohamed Diane (un maillon fort de la chaîne de commandement du président Condé), et rattaché directement à la présidence de la république. Malgré la frustration du ministre de la défense face au degré d’indépendance accordé à la force spéciale, le président est resté ferme sur sa position et a continué à équiper le groupement des forces spéciales avec les armes de dernière génération. En outre, au cours des mois précédant septembre 2021, plusieurs différends ont opposé le ministre de la Défense au chef du groupement des forces spéciales, différends qui ont conduit le ministre de la Défense à ordonner au chef d’état-major de l’armée d’écarter (éliminer) le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya.
Ainsi, le chef de l’état, le général Namory, n’appréciant pas l’ordre de son supérieur a informé son bon petit Mamadou Doumbouya des menaces et l’a exhorté à faire le premier pas pour non seulement protéger sa vie mais aussi pour mettre fin au cauchemar du ministre des dépenses de s’emparer du pouvoir au cas où le président Condé ne survivrait pas à sa maladie de cancer de la prostate d’un état très avancé.
Ainsi, comme on aime souvent dire qu’un homme averti en vaut deux, le lieutenant-colonel Doumbouya dans la nuit du 4 au 5 septembre a renversé le président Condé et est devenu l’auteur du premier coup d’état réussi de l’histoire du pays. Un coup d’état apprécié par l’opposition et dénoncé par la mouvance a fait l’objet de plusieurs déclarations au sein de la chaîne politique guinéenne.
Qui est réellement le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya et quels sont les membres influents du groupement des forces spéciales?
Le Lieutenant-Colonel Mamadi Doumbouya est né le 4 mars 1980 à Kankan, deuxième ville du pays et également capitale de la Haute Guinée. Mamadi Doumbouya, affectueusement appelé Laye Mady, est un produit de l’école primaire Drame Oumar de Kankan.
Ancien stagiaire de l’école de guerre en France, Mamadi Doumbouya, est titulaire d’un brevet français d’études militaires supérieures et d’une maîtrise de défense de l’université parisienne Panthéon-Assas. Il est aussi titulaire d’un diplôme de Saumur dans le cadre de la coopération entre la France et les Etats africains partenaires pour la formation des officiers.
En outre, le nouvel homme fort guinéen est détenteur de plusieurs certificats obtenus lors de formations au Sénégal, au Gabon et en Israël et a participé à des missions et opérations à l’Ecole de guerre en France, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, en République centrafricaine, en Israël, à Chypre et au Royaume-Uni.
En 2009, le colosse guinéen, Mamadi Doumbouya, termine son contrat avec la légion française au grade de caporal-chef et se voit alors confier le commandement du groupe de forces spéciales créé en 2018 par le président déçu pour défendre la Guinée contre une éventuelle attaque terroriste.
De plus, le groupement original des forces spéciales ne comptait pas beaucoup d’hommes influents et connus du public comme Mamadi Doumbouya en raison de leur code vestimentaire. Leur éthique vestimentaire rendait impossible l’identification de leurs visages brisés par la capuche, mais tout ce qui est sûr, c’est que les éléments avaient plus ou moins les mêmes caractéristiques, ce qui en faisait une force d’élite redoutable et féroce à tous les niveaux.
Cependant, c’est au lendemain du renversement du président Condé qu’est créé le Conseil national du rassemblement et du développement. Cette fois, un conseil composé de plusieurs officiers supérieurs de l’armée. Ainsi, étant donné la confidentialité du CNRD par rapport à ses membres, il serait imprudent de se risquer à une description précise de ses membres, mais il est important de noter que certaines figures ne taisent pas leur statut au sein du CNRD.
Parmi ces personnalités, on peut citer le colonel Amara Camara, ancien directeur de l’Ecole Militaire Inter Armée (EMIA), une école de formation d’officiers où sont passés presque tous les officiers guinéens. Il y a aussi le colonel Balla Samoura, le commandant de la gendarmerie nationale, en remplacement du général Balde.

Impact du coup d’etat sur l’economie du pays
Après l’arrivée au pouvoir du CNRD et de son président, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, de nombreux changements sont intervenus dans l’appareil d’Etat, donnant la chance à de nombreux jeunes diplômés d’accéder à des postes de responsabilité, notamment dans les ministères et dans les départements nationaux. Par ailleurs, une avancée significative a également été constatée dans les travaux de bitumage des voiries et d’électrification de la capitale-Conakry, ce qui est apprécié de tous mais ce sourire n’est pas observé lorsqu’on parle du marché.
Au marché, les prix des denrées de base ont augmenté à tous les niveaux, soulevant ainsi la colère de la population pour dénoncer et aussi demander de l’aide au président de la transition pour l’amélioration des conditions de vie de nos mamans à travers les marchés guinéens. Selon une sortie médiatique du président de la transition, cette augmentation des prix du panier de la ménagère est due à la mauvaise volonté des commerçants, ce qui provoque des pénuries pour finalement bénéficier de l’impact de la loi de la demande.
Face à cette situation indigne, le président assure la population de sa position pour une éradication immédiate de la hausse généralisée des prix des denrées alimentaires sur le marché et invite davantage tous les ministres à s’impliquer davantage dans le domaine de l’agriculture pour enfin mettre fin aux épreuves et aux maux que subit la population, a-t-il martelé.
Les relations de la Guinée avec les pays de la sous-région et au niveau international
Au lendemain du coup d’Etat militaire en Guinée, les pays de la sous-région à travers la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont condamné l’acte avec la plus grande vigueur et multiplient les sanctions contre la Guinée. Parmi ces sanctions, il est demandé au nouvel homme fort du pays d’organiser des élections dans les 18 mois, ce qui reste pour l’instant flou de la part de la junte militaire. Mais il est important de noter qu’il y a eu des avancées majeures vers l’organisation des élections car le fameux Conseil National de la Transition est en place, un organe suprême dans ce domaine dirigé par Dr Danssa Kanté.
La position de la Guinée au niveau international reste incertaine car le pays a été retiré de la liste des pays bénéficiant d’avantages commerciaux avec les Etats-Unis d’Amérique, ce qui aura un impact important sur l’accès du pays aux crédits accordés par les institutions internationales telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, etc.
Par ailleurs, à notre grande surprise, et selon les informations de la télévision nationale, la Guinée a bénéficié de la confiance du Fonds monétaire international (FMI) quant au dynamisme du gouvernement de transition en matière de développement économique du pays.
Ce soutien du FMI va-t-il se poursuivre?
Personne ne peut répondre avec certitude à cette question, du moins pour le moment.
En interne, il est important de noter qu’il y a beaucoup de tensions entre la junte militaire et les partis politiques, notamment sur la question de l’organisation d’élections transparentes et inclusives dans un délai court. Et le plus inquiétant est que si un consensus n’est pas trouvé, cela peut conduire à des grèves interminables et atroces. Ainsi, pour éviter que le pire ne se reproduise, le Président Colonel Mamadou Doumbouya doit privilégier le dialogue avec les partis politiques afin d’avoir une période de transition pacifique et sans effusion de sang.
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