Le Mouvement de libération du Macina est un nom associé aux opérations du JNIM au Sahel et en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso et dans le nord du Bénin. Même un dicton se propage que toutes les armes que le Burkina Faso recevra comme aide de ses partenaires, internationaux dans sa guerre contre les groupes armés finiront entre les mains du JNIM.
Cela est dû au contrôle du mouvement sur de nombreux points militaires et burkinabés et au pillage de tout le matériel militaire, et même logistique qui s’y trouve, dont la plupart proviennent des partenaires internationaux et régionaux du Burkina Faso.
Cet article explore le Mouvement de libération du Macina (MLM), qui a établi un point d’appui pour le JNIM et AQIM en Afrique de l’Ouest et est devenu une grande défi sécuritaire pour les États de la région.
Contexte et origines
Le Mouvement de libération du Macina (MLM), également connu sous le nom de Front de libération du Macina ou Katibat (Brigade) Macina, est un groupe islamiste militant apparu au Mali en 2015. Ses principaux combattants étaient en grande partie des Peuls du centre du Mali, et le groupe a immédiatement exploité les griefs locaux pour rallier des soutiens.
Le nom « Macina » fait référence à un État islamique peul du XIXe siècle, marquant un retour à l’héritage historique du djihad. Initialement actif dans les régions de Mopti et de Ségou, au centre du Mali (territoires d’origine de nombreux éleveurs peuls), le MLM est rapidement devenu l’une des factions djihadistes les plus actives du Mali, exploitant les ressentiments ethniques et économiques.
Dès sa création, le mouvement Macina s’est aligné sur Ansar Dine d’Iyad ag Ghali – une filiale d’Al-Qaïda – servant essentiellement de branche peule de ce groupe au Mali.
Mamadou (Amadou) Koufa : Leadership et idéologie
Mamadou « Amadou » Koufa est le fondateur et l’émir du Mouvement de libération du Macina, dont il est le principal dirigeant. Prédicateur radical, Koufa a acquis une influence grâce à ses sermons en langue fulfulde, qui ont contribué au recrutement de nombreux jeunes Peuls. Nombre de ses recrues est des Peuls, et le FLM a même été qualifié de « mouvement peul » dans les médias maliens en raison de son soutien.
Idéologiquement, Koufa mêle les enseignements salafistes-djihadistes aux revendications communautaires des Peuls, se positionnant à la fois comme guide religieux et défenseur de son peuple.
Il prône la justice et la réforme, un message qui a trouvé un écho auprès des éleveurs en colère contre le vol de bétail, la corruption et les abus de l’État.
Parallèlement, il présente leur lutte comme une guerre sainte : Koufa a exhorté les Peuls d’Afrique de l’Ouest à rejoindre le djihad pour protéger l’islam et…
Ce double rôle – idéologue islamiste et défenseur ethnique – fait de lui un puissant mobilisateur.
Sur le champ de bataille, Koufa a orchestré des dizaines d’attaques (notamment l’offensive de Konna en 2013) et il est l’un des principaux adjoints du chef du JNIM, Iyad ag Ghali, agissant en tant que conseiller religieux d’Ag Ghali et représentant du JNIM dans le centre du Mali.
Intégrations au JNIM et les liens avec AQIM
En mars 2017, le Mouvement de libération du Macina a été officiellement intégré au Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), la coalition sahélienne d’Al-Qaïda. Koufa est apparu aux côtés d’Iyad ag Ghali et d’autres commandants dans une vidéo annonçant la création du JNIM, qui a fusionné Ansar Dine, Al-Mourabitoune, la branche saharienne d’AQMI, et le Macina.
Au sein de cette structure, le Mouvement de libération du Macina est devenu la Katiba Macina (bataillon Macina) du JNIM. Koufa continue de diriger ce bataillon et occupe également un poste de cadre au sein d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), soulignant ainsi le lien direct entre l’aile Macina du JNIM et le réseau plus large d’Al-Qaïda. L’intégration au JNIM a amplifié la portée du groupe : les combattants de Koufa ont contribué à l’expansion du JNIM vers le sud du Mali et jusqu’aux frontières du Burkina Faso.
Idéologiquement, la faction Macina adhère au cadre du djihad mondial d’Al-Qaïda. Le chef du JNIM a ouvertement prêté allégeance au chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, et les combattants du Macina bénéficient des conseils et du soutien d’AQMI. Cette affiliation a renforcé les capacités du groupe Macina et l’a ancré dans le programme ouest-africain d’Al-Qaïda.
Activités récentes et attaques majeures (Fin 2024 – Début 2025)
- Burkina Faso : Fin 2024, les combattants du Macina du JNIM étaient profondément enracinés au Burkina Faso et la violence avait augmenté. En août 2024, le groupe a massacré environ 200 civils dans la ville de Barsalogho (centre-nord du Burkina) – l’une des attaques les plus meurtrières de l’insurrection. Barsalogho se trouve près de Kaya (la dernière garnison militaire avant la capitale, Ouagadougou), et ce massacre a montré comment le JNIM s’emparait de territoires et progressait vers le cœur du pays.
Au cours des mois suivants, le JNIM a intensifié ses attaques dans le nord et l’est du Burkina Faso, s’emparant d’avant-postes et encerclant des villes. Dans une démonstration de force audacieuse, des centaines de combattants du JNIM ont brièvement pris le contrôle de la ville de Djibo, au nord, en mai 2025. Ces offensives soulignent le rôle de l’unité Macina comme fer de lance de l’insurrection sahélienne du JNIM. - Nord du Bénin : Zone d’opérations du JNIM dans le nord-est du Bénin (région du Parc W) en 2025. Début 2025, le bataillon Macina avait repoussé l’avancée du JNIM vers le nord du Bénin, transformant la zone frontalière du Parc national du W en nouvelle ligne de front. Depuis des bases au Burkina Faso, les militants ont lancé des raids transfrontaliers contre les forces béninoises.
Le 17 avril 2025, le JNIM a lancé son opération la plus meurtrière au Bénin à ce jour : un assaut coordonné contre les positions béninoises aux chutes de Koudou et à Point Triple (dans le parc W), qui a tué au moins 54 soldats (le JNIM en a revendiqué 70). Cette attaque a surpassé l’embuscade de janvier 2025 à Point Triple, où 28 soldats ont été tués. Ces raids sans précédent au Bénin soulignent l’expansion du JNIM au-delà du Sahel et constituent une menace imminente pour les États côtiers d’Afrique de l’Ouest.
Objectifs et motivations
Les objectifs et motivations fondamentaux du Mouvement de libération du Macina allient ferveur religieuse et objectifs sociopolitiques. Parmi les principaux moteurs, on peut citer :
- L’instauration d’un régime islamique : Le groupe cherche à créer un État islamique (émirat) soumis à une charia stricte. Dans les zones qu’il contrôle, il impose des normes strictes, interdisant certaines cérémonies traditionnelles et obligeant les hommes à assister aux sermons à la mosquée.Cette vision islamiste stricte reflète l’idéologie salafiste-djihadiste d’Al-Qaïda.
- « Défenseur » des marginalisés : Le mouvement se présente comme le protecteur des éleveurs peuls défavorisés et d’autres communautés rurales. Les appels de Koufa à la justice et à la réforme ont trouvé un écho auprès des éleveurs peuls, affligés par les vols de bétail et les abus des autorités. En défendant les revendications locales, le groupe légitime sa violence comme une forme d’autodéfense communautaire et recrute parmi les populations qui se sentent délaissées.
- Identité et histoire peules : L’identité peule est un puissant vecteur de ralliement pour les militants du Macina. Le nom « Macina » évoque un royaume islamique peul historique, reflétant l’utilisation de l’histoire ethnique par le groupe pour sa cause. Koufa a appelé les Peuls de toute l’Afrique de l’Ouest à rejoindre le djihad, s’appuyant sur un sentiment commun de persécution et de destin. Ce récit exploite les tensions interethniques (par exemple, entre éleveurs et agriculteurs) et la nostalgie de la gloire passée des Peuls pour stimuler le recrutement.
- Alignement avec le djihad d’Al-Qaïda : En tant que membre du JNIM, la faction Macina est guidée par le programme mondial d’Al-Qaïda. Elle cherche à expulser les forces étrangères (par exemple, les troupes françaises et onusiennes) du Sahel et à renverser les gouvernements laïcs pour les remplacer par des régimes islamiques. La direction du JNIM a prêté allégeance au commandement central d’Al-Qaïda, et l’unité de Koufa bénéficie du soutien d’agents d’AQMI. Cette affiliation à Al-Qaïda lui confère une orientation stratégique et des liens transnationaux qui élèvent les ambitions du groupe au-delà de l’insurrection locale.
Katiba Hanifa la branche béninoise du JNIM
Katiba Hanifa est un sous-groupe étroitement lié au Mouvement de libération du Macina et opère principalement dans la région des trois frontières, au nord du Bénin, au Burkina Faso et au Niger. Apparue vers 2022-2023, cette brigade est le fer de lance des opérations du MLM dans le nord du Bénin, exploitant des raids transfrontaliers pour affaiblir les forces de sécurité locales et le contrôle gouvernemental.
Les combattants de Katiba Hanifa, dont beaucoup auraient de solides liens avec l’ethnie peule, collaborent étroitement avec les réseaux plus vastes du Macina et du JNIM, partageant une idéologie et des tactiques opérationnelles communes. Leur activité accrue début 2025, notamment des attaques lourdement meurtrières, a mis en évidence la vulnérabilité du Bénin à l’expansion djihadiste et illustré la portée opérationnelle du Mouvement de libération du Macina sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Conclusion
En résumé, le Mouvement de libération du Macina est passé d’une insurrection locale dans le delta intérieur du Niger au Mali à l’avant-garde de la campagne d’Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest. Sous la direction de Koufa, son mélange de ferveur djihadiste et de revendications peules continue d’alimenter son expansion, faisant du groupe l’une des menaces sécuritaires les plus redoutables au Sahel aujourd’hui.