Ces dernières années, l’Afrique a connu une accélération de sa transformation numérique, touchant des secteurs clés, notamment celui de l’identité numérique. Ce domaine est devenu un levier fondamental pour garantir l’accès des citoyens aux droits et aux services essentiels.
L’identité numérique s’impose ainsi comme un outil central d’inclusion sociale, économique et numérique. En permettant l’identification et l’authentification sécurisées des individus, elle répond à un besoin urgent, surtout dans les pays où de larges pans de la population ne disposent d’aucune identité légale, les privant de services de base tels que l’éducation, les soins de santé, la protection sociale ou les transactions financières.
Soutenus par des partenaires internationaux, plusieurs pays africains mettent en place des systèmes d’identification biométrique, des plateformes d’enregistrement numérique et des registres nationaux intégrés. Ces initiatives s’inscrivent dans les objectifs de l’Agenda 2063 et des ODD.
Ainsi, la conférence « Identité pour le développement en Afrique » (ID4Africa 2025) s’est tenue dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba du 20 au 23 mai 2025, en présence du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, et avec la participation de plus de 2 300 délégués de plus de 100 pays, dont 50 pays africains, ce qui en fait le plus grand rassemblement de l’histoire de la conférence depuis son lancement en 2014, en se concentrant sur les trois priorités : l’élargissement des systèmes d’identité numérique, le développement d’une infrastructure publique numérique(DPI) capable de servir l’ensemble de la population, et la stimulation de la demande d’identité numérique par l’intégration de l’identité numérique dans les services gouvernementaux et privés afin de les rendre plus accessibles[1].
Il est à noter que l’Éthiopie a déjà lancé plusieurs initiatives majeures dans le domaine de l’identité numérique. Parmi elles figure le système « Fayda », à travers lequel le gouvernement éthiopien a annoncé l’enregistrement de 15 millions de citoyens. L’objectif est d’atteindre 90 millions d’inscrits d’ici 2027, en intégrant « Fayda » à 55 services publics et privés. Ce système vise à favoriser l’inclusion financière et à améliorer l’accès aux services de base.
Par ailleurs, l’Éthiopie a introduit « Fayda Pass », un portefeuille numérique conçu pour renforcer l’inclusion financière et simplifier l’accès aux services gouvernementaux. [2].
Cet article a pour objectif de mettre en lumière l’importance de l’identité numérique en tant que levier central de l’inclusion financière et sociale, ainsi que de la transformation numérique en Afrique. Il propose d’analyser l’état actuel de son déploiement, les défis liés à sa généralisation, ainsi que les opportunités de développement qu’elle offre.
L’article entend également souligner le rôle clé de l’identité numérique dans l’accès des citoyens aux services publics, financiers, de santé et d’éducation, tout en insistant sur l’urgence de mettre en place des cadres juridiques et techniques solides garantissant la sécurité des données, le respect de la vie privée et l’équité numérique.
I : Le statut de l’identité numérique en Afrique
L’identité numérique est définie comme un moyen d’identifier ou de vérifier l’identité d’un individu, que ce soit en ligne ou hors ligne. Une identité numérique peut être créée à partir des informations figurant sur une carte d’identité légale délivrée par une entité gouvernementale, et utilisée pour identifier avec précision un individu et lui accorder ses droits.
Une identité numérique peut également être créée pour permettre à un individu d’accéder à des services numériques, tels que le commerce électronique, l’administration en ligne, la banque numérique, etc.
En pratique, une identité numérique peut être créée lorsqu’un individu s’engage dans l’économie numérique grâce aux informations collectées à partir des différents types de données qu’il utilise, telles que les données téléphoniques, l’historique des recherches, les données des médias sociaux, etc. Ces informations peuvent ensuite être utilisées pour identifier l’individu.[3]
À l’échelle du continent, de nombreux gouvernements africains accélèrent la mise en œuvre de systèmes d’identité numérique afin de renforcer l’efficacité des services publics, favoriser l’inclusion économique et améliorer la sécurité. Pourtant, environ 500 millions d’Africains restent encore privés d’une identité légale, ce qui constitue un obstacle majeur à l’accès équitable aux droits fondamentaux. [4]
L’accès aux cartes d’identité varie considérablement à travers l’Afrique subsaharienne. D’après une enquête menée par la Banque mondiale en 2021 et 2022 dans 36 pays de la région, 78 % des personnes éligibles âgées de plus de 15 ans possédaient une carte d’identité. Toutefois, des disparités notables persistent entre les pays : dans 13 d’entre eux, moins de 70 % des adultes disposent d’une telle carte.
Ces inégalités sont particulièrement marquées dans les pays où l’accès est faible, notamment en fonction du genre, du niveau de revenu et du lieu de résidence. Les femmes, les populations pauvres et les habitants des zones rurales sont les plus affectés, ce qui les empêche souvent de bénéficier de services essentiels comme l’aide gouvernementale, l’accès à l’emploi ou l’utilisation de services financiers.
Le principal obstacle à l’obtention d’une identité légale ou numérique réside dans les coûts élevés et la complexité des démarches, notamment les frais liés à la production des documents requis et les déplacements nécessaires pour s’enregistrer ou recevoir sa carte. Les femmes, en particulier, sont davantage exposées à ces contraintes.[5]

En conséquence, l’identité légale est devenue une priorité majeure dans le cadre des Objectifs de développement durable de l’Agenda 2063 de l’Afrique. De nombreux gouvernements africains s’orientent vers la mise en place de systèmes d’identité nationaux modernes, incluant l’identité numérique.
Des exemples concrets illustrent les bénéfices économiques de cette transition : en Ouganda, l’utilisation d’une base de données nationale pour vérifier l’identité des fonctionnaires a permis d’économiser environ 7 millions de dollars en un an. Au Malawi, l’intégration des systèmes d’enregistrement des électeurs avec celui de l’identité nationale a généré des économies de 44 millions de dollars.
Malgré ces gains potentiels en matière de rentabilité et d’efficacité, l’accès à une carte d’identité émise par l’État demeure inégal à travers le continent, limitant ainsi les avancées vers une inclusion numérique et sociale pour tous. [6]
II-Dans quelle mesure l’absence d’identité numérique affecte-t-elle la mobilité économique en Afrique ?
L’absence d’identité pose de nombreux défis économiques et de développement, dont les plus importants sont les suivants :
– La difficulté de connectivité numérique : les adultes touchés ne peuvent pas acheter de carte SIM, qui est la base de l’utilisation d’un téléphone portable, ce qui entrave considérablement la connectivité numérique. En Tanzanie, par exemple, 57 % des adultes sans identité (un quart des adultes) sont confrontés à ce défi.
–La difficulté à ouvrir des comptes bancaires et à accéder aux services financiers : La plupart des banques et des institutions financières en Afrique exigent une identité numérique légale comme condition préalable à l’ouverture d’un compte bancaire. Les personnes sans identité numérique (en particulier dans les zones rurales ou marginalisées) sont automatiquement exclues du système bancaire, ce qui renforce l’exclusion financière, et lorsqu’elles effectuent des paiements, elles doivent transporter de l’argent liquide – s’exposant ainsi au risque de vol – ou s’absenter de leur travail uniquement pour transférer de l’argent en personne.
Une grande partie des adultes non bancarisés en Afrique subsaharienne ne le sont pas en raison de documents inadéquats (y compris les cartes d’identité), mais en fait l’identité n’est pas le seul obstacle auquel les non-bancarisés sont confrontés en raison de la documentation. Les prestataires de services financiers exigent souvent des documents supplémentaires, tels que des factures de services publics, pour satisfaire aux exigences de diligence des clients. Par conséquent, même les détenteurs d’une carte d’identité nationale peuvent ne pas être en mesure d’ouvrir un compte financier.
En outre, compte tenu de la dépendance croissante à l’égard des portefeuilles électroniques et des services de paiement numérique (tels que M-PESA au Kenya), l’identité numérique est essentielle pour se connecter, vérifier les transactions et restaurer les comptes en cas de perte de données. L’absence d’identité numérique restreint l’accès à des services tels que le microcrédit, les envois de fonds, l’assurance numérique et le crowdfunding.

Difficulté d’accès aux services et à l’aide gouvernementale :
En Afrique subsaharienne, l’accès aux subventions publiques, à l’inscription scolaire ou encore aux services de santé nécessite souvent une preuve d’identité. En l’absence de documents officiels, de nombreuses personnes se retrouvent exclues de ces services essentiels. Cela limite leur accès à l’éducation, aux soins médicaux, à la protection sociale, et freine ainsi leur mobilité économique, leur sécurité au quotidien ainsi que leur développement personnel et communautaire. [7]
Face aux obstacles évoqués, il apparaît clairement que les systèmes d’identité numérique représentent une opportunité stratégique pour les pays africains. Ils ouvrent la voie à une inclusion financière élargie, à une amélioration de la prestation des services publics et à un renforcement de la gouvernance.
Voici certains de ces avantages :
-Autonomisation économique :
La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) estime que l’adoption efficace des systèmes d’identité numérique pourrait accroître le PIB du continent de 3 à 13 % d’ici 2030. Ces systèmes facilitent l’inclusion financière en donnant accès aux services bancaires, au crédit et aux marchés officiels.
-Efficacité des services publics:
L’identité numérique permet de rationaliser la fourniture de services essentiels comme la santé, l’éducation ou la protection sociale. Elle simplifie les démarches, réduit la bureaucratie et améliore la précision du ciblage. Par exemple, au Rwanda, plus de 98 % des adultes sont enregistrés dans le système national d’identité, reconnu comme l’un des plus robustes d’Afrique. Grâce à cela, les programmes sociaux sont mieux ciblés et l’accès aux soins facilité, notamment pour les groupes marginalisés.
En outre, l’identité numérique constitue un levier fondamental pour la réussite de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). Ce projet ambitieux, qui vise à renforcer le commerce intra-africain, à stimuler la croissance économique et à faciliter la libre circulation des personnes, des biens et des services, nécessite des systèmes d’identification numérique sécurisés et interopérables.
En effet, une intégration économique durable repose sur la capacité à vérifier de manière fiable l’identité des individus et des entreprises. Les identités numériques jouent ici un rôle crucial : elles simplifient les procédures douanières, facilitent les échanges transfrontaliers, réduisent les délais administratifs et instaurent un climat de confiance entre les acteurs économiques.
De plus, elles encouragent le développement du commerce électronique en garantissant la traçabilité, la transparence et la sécurité des transactions numériques à l’échelle continentale. [8]
III : Les identités numériques constituent-elles une menace pour la vie privée et les libertés civiles ?
La mise en œuvre des systèmes d’identité numérique, notamment ceux fondés sur la biométrie (empreintes digitales, reconnaissance faciale en 3D, signature électronique, etc.), soulève des préoccupations croissantes quant à la vie privée et aux libertés individuelles. Sans garanties adéquates, le rêve de l’identité numérique de l’Afrique risque de devenir un cauchemar de surveillance.
Les violations de données et les cadres juridiques inadéquats soulèvent des questions supplémentaires quant à savoir si ces programmes permettent aux citoyens de s’émanciper ou s’ils les exposent à de nouvelles vulnérabilités:
- Préoccupations et risques en matière de protection de la vie privée : La sécurité des données est un risque majeur, les bases de données centralisées devenant des cibles privilégiées pour les cyber-attaques et les accès non autorisés. Les pays dotés de programmes d’identité numérique, comme le Nigeria et le Kenya, ont connu des violations de données, ce qui soulève des inquiétudes quant à la capacité des gouvernements à protéger les informations personnelles sensibles.
- Préoccupations en matière de sécurité : La surveillance gouvernementale et l’utilisation abusive des données suscitent des inquiétudes, de même que la possibilité d’utiliser les systèmes d’identité numérique pour surveiller les citoyens, réprimer la dissidence et violer les droits fondamentaux. En l’absence de politiques claires et applicables en matière de protection des données, les données personnelles collectées à des fins d’identification risquent d’être exploitées à des fins politiques ou commerciales.
Le Centre européen de gestion des politiques de développement (ECDPM) note que les gouvernements africains ont développé des bases de données biométriques et des systèmes d’identité numérique, souvent avant de mettre en place des cadres solides de gouvernance des données, tels que des lois sur la protection des données et la cybersécurité ; en conséquence, de nombreuses personnes enregistrées dans ces systèmes peuvent ne pas comprendre pleinement comment leurs données seront utilisées ou partagées.
- Confiance du public et difficultés d’adoption : La confiance du public dans l’identité numérique se heurte à plusieurs obstacles. L’African Digital Rights Network (ADRN) a mené des recherches indiquant que les citoyens de nombreux pays africains ont des réserves sur la façon dont leurs données sont traitées dans les systèmes d’identité numérique. Des inquiétudes concernant le droit à la vie privée et la surveillance potentielle ont été documentées, notamment en ce qui concerne l’enregistrement des cartes SIM associées aux identités numériques. Cela souligne la nécessité de disposer de garanties juridiques solides pour protéger les données des citoyens et instaurer la confiance dans les initiatives d’identité numérique [9].
- Le manque de culture numérique est un autre obstacle majeur à l’adoption des systèmes d’identité numérique en Afrique. De nombreux citoyens, en particulier dans les communautés rurales et défavorisées, n’ont pas les compétences nécessaires pour interagir efficacement avec les plateformes numériques. Un rapport de la Banque mondiale datant de 2022 souligne le manque de compétences numériques en Afrique, de nombreux pays obtenant des résultats inférieurs à la moyenne mondiale, ainsi que l’absence de formation formelle en matière de culture numérique. L’Office de protection des données de pays africains tels que le Nigéria a reconnu ce fait lorsqu’il a demandé à la Commission nationale de gestion de l’identité de fixer des normes élevées en matière de protection de la vie privée et des données afin de renforcer le système d’identité numérique du pays [10].
IV : Cadres et initiatives internationaux et régionaux pour promouvoir l’identité numérique en Afrique
Les gouvernements africains étudient de plus en plus la mise en œuvre de solutions d’identité numérique, parfois avec le soutien de bailleurs internationaux comme l’initiative ID4D de la Banque mondiale, qui regroupe 49 pays, dont le Rwanda, le Nigeria et la Tunisie.
Le projet du Rwanda pour accélérer la transformation numérique a été approuvé en 2021, notamment : la modernisation du système national d’identité, l’introduction d’une identification numérique pour les transactions électroniques et la numérisation des registres d’état civil.
Au Nigéria, le projet « Identité numérique pour le développement » a été approuvé en février 2020 et, en 2021, une assistance technique a été fournie pour la mise en œuvre du projet, en mettant l’accent, entre autres, sur le renforcement des cadres juridiques, l’introduction de garanties pour la protection des données et l’amélioration de la cybersécurité.
La Tunisie a bénéficié d’une assistance technique pour l’élaboration d’une feuille de route sur les identités numériques. Il soutient également le développement de modèles d’authentification numérique et l’activation d’un identifiant unique pour le citoyen.
Outre les cadres et initiatives continentaux et régionaux, la stratégie de transformation numérique et d’identité numérique de l’Union africaine est l’un des principaux domaines transversaux pour soutenir l’écosystème numérique, et un mécanisme clé pour promouvoir le concept de l’ONU d’« identité légale pour tous » et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Agenda 2063.
Lancée officiellement lors du Sommet sur la transformation numérique à Kigali en 2013, l’initiative “Smart Africa” est un projet continental visant à accélérer le développement socio-économique de l’Afrique en s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Son ambition principale est de transformer le continent en un “marché numérique unique” et intégré.
Il s’agit d’un engagement audacieux et novateur des chefs d’État et de gouvernements africains pour accélérer l’intégration sociale et économique durable et le développement du continent grâce à l’utilisation des technologies de l’information et des communications.
Pour atteindre cet objectif, Smart Africa s’aligne étroitement avec d’autres initiatives clés telles que l’Accord de libre-échange continental africain, la Stratégie de transformation numérique de l’Union africaine pour l’Afrique, l’Accord de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données personnelles, le Cadre de confiance africain de la CEA, l’Initiative d’identification pour le développement du Groupe de la Banque mondiale et de nombreuses autres initiatives et acteurs locaux, régionaux et internationaux.[11]
Au niveau régional, la carte d’identité biométrique régionale de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été approuvée en 2015 pour faciliter la libre circulation des 320 millions de citoyens de la région de la CEDEAO.
La carte permet aux citoyens des États membres de se déplacer dans toute la région de la CEDEAO, servant de permis de séjour, de passeport et de carte d’identité. D’autres fonctions, telles que l’identification du commerce électronique, devraient être ajoutées. Le Sénégal a été le premier pays à mettre en œuvre le système, suivi par le Ghana et le Nigeria.
En outre, le programme d’identification unique ouest-africain pour l’intégration et l’inclusion régionales (WURI), dans le cadre du partenariat CEDEAO-Banque mondiale, a démarré en 2018 avec la Côte d’Ivoire et la Guinée pour faciliter l’accès aux services de millions de personnes dans les États membres de la CEDEAO, indépendamment de leur nationalité, de leur citoyenneté ou de leur statut juridique. (12)
En Afrique, l’identité numérique dépasse largement la simple fonction d’identification électronique : elle représente un levier d’autonomisation, permettant à des millions de personnes – notamment dans les zones rurales ou marginalisées – d’accéder à la pleine participation économique, sociale et politique. Dans un continent engagé sur la voie de l’inclusion financière et de la transformation numérique, l’identité numérique est devenue une pierre angulaire pour bâtir des systèmes plus équitables, efficaces et transparents.
Bien que des défis persistent — notamment en matière d’infrastructures, de cadre juridique, de confidentialité et de protection des données —, plusieurs expériences réussies (comme à Maurice, au Nigeria, au Kenya ou en Éthiopie) prouvent que cette transition est réalisable, à condition de combiner une volonté politique, partenariats stratégiques et investissements soutenus.
Les conclusions de la conférence ont souligné l’importance de l’infrastructure numérique publique (IDN) en mettant l’accent sur la sécurité et la protection de la vie privée. Les participants ont appelé à renforcer la coopération régionale et internationale, avec le soutien d’acteurs comme la Banque mondiale et le PNUD, tout en insistant sur l’urgence d’accélérer l’adoption des systèmes d’identification numérique, d’améliorer les cadres juridiques et réglementaires, et de garantir la sécurité des systèmes et la confidentialité des données.
Il ressort de ce qui précède que, bien que de nombreux pays africains aient accompli des avancées notables dans leurs projets nationaux d’identification numérique, des défis structurels persistent. Les témoignages de plusieurs parties prenantes entendus lors de la première journée de la conférence ID4Africa ont révélé que des problèmes communs freinent la mise en œuvre efficace de ces systèmes. Toutefois, ces obstacles peuvent être surmontés à condition d’adopter des solutions adaptées et coordonnées.
Parmi les priorités identifiées figurent la mise en place de cadres réglementaires clairs, la consolidation de structures de gouvernance robustes, et le renforcement des mécanismes de protection de la vie privée et de la sécurité des données. Actuellement, les cadres juridiques relatifs aux identités numériques en Afrique sont encore fragmentés : certains pays disposent de lois rigoureuses en matière de données personnelles, tandis que d’autres manquent de politiques précises encadrant la collecte, le stockage et le traitement des données.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), moins de la moitié des pays africains ont mis en place des cadres législatifs complets alignés sur les standards internationaux, tels que le Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Alors que les efforts de numérisation de l’Afrique s’accélèrent, il est essentiel de trouver un équilibre entre l’innovation et la protection de la vie privée. Les gouvernements africains doivent promouvoir la transparence, la cybersécurité et les cadres juridiques afin d’instaurer la confiance dans l’adoption de l’identité numérique.
Pour parvenir à cet équilibre, les pays devraient investir dans des initiatives de renforcement des capacités, mettre en œuvre des cadres réglementaires clairs et promouvoir des campagnes de sensibilisation du public. La collaboration entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé est essentielle pour créer un écosystème d’identité numérique inclusif et sûr.
En conclusion, l’avenir numérique de l’Afrique commence par une identité numérique fiable, inclusive et sécurisée. Investir dans ce domaine n’est pas seulement une option de développement, mais une nécessité stratégique pour parvenir à une croissance inclusive, à une bonne gouvernance et pour capitaliser sur la richesse humaine et économique du continent.
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Marges et références :
*Professeur adjoint d’économie – École supérieure d’études africaines – Université du Caire
(1) – ID4AFRICA 2025 , Addis Ababa, Ethiopia , available at: https://id4africaevents. com/
(2) الراصد الإثيوبي، إثيوبيا: عدد مستخدمي الهوية الرقمية يصل إلى 15 مليونًا، 21 مايو 2025م، متاح على الرابط التالي: https://www. ethiomonitor. net/14069/
(3) The Economic and Social Council (ECOSOC) of the United Nations (UN) , “What is Digital Identity, Digital Trade and Digital Economy for Africa? , 2025 , available at:https://www. uneca. org/dite-africa/what-digital-identity-digital-trade-and-digital-economy-africa
(4)– Cecilia Maundu , “Digital ID systems in Africa: A dream of inclusion or a threat to privacy?” , 21 April 2025 , available at:
https://advox. globalvoices. org/2025/04/21/digital-id-systems-in-africa-a-dream-of-inclusion-or-a-threat-to-privacy/
(5)– SANIYA ANSAR JULIA CLARK , “The importance of ID access in three charts: Insights from Sub-Saharan Africa ” , World Bank Blogs , SEPTEMBER 09, 2024, available at:
https://blogs. worldbank. org/en/digital-development/the-importance-of-id-access-in-three-charts–insights-from-sub-s
(6)– SANIYA ANSAR JULIA CLARK ,Op. cit.
(7) Idem .
(8)- Cecilia Maundu , Op. cit.
(9)- Ayang Macdonald , “African nations making digital ID gains in the face of common challenges”, May 20, 2025 , available at:
https://www. biometricupdate. com/202505/african-nations-making-digital-id-gains-in-the-face-of-common-challenges
(10) Smart Africa , “Digital ID” ,2025, available at: https://smartafrica. org/knowledge/digital-id/
(11) Cecilia Maundu , “Digital ID systems in Africa: A dream of inclusion or a threat to privacy?” , 21/Apr/2025, available at;
https://citizenshiprightsafrica. org/digital-id-systems-in-africa-a-dream-of-inclusion-or-a-threat-to-privacy
(13) Sorina Teleanu | Jovan Kurbalija , “Digital identification in Africa: Frameworks and initiatives” , 2022 , available at:
https://www. diplomacy. edu/resource/report-stronger-digital-voices-from-africa/