Le Crédit Suisse et le Mozambique sont parvenus à un règlement à l’amiable de l’affaire de la « dette cachée », les parties se dégageant « mutuellement » de toute responsabilité, a annoncé dimanche l’UBS, qui a racheté son rival suisse.
Cette annonce intervient alors qu’un procès devait s’ouvrir lundi devant la Haute Cour de Londres dans le scandale qui a plongé le Mozambique, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, dans une crise profonde.
L’accord, transmis par l’UBS dans un courriel à l’AFP, précise que le Mozambique et le Crédit Suisse « ont réglé à l’amiable la procédure judiciaire engagée à Londres ».
« Les parties se sont mutuellement dégagées de toute responsabilité et réclamation liées aux transactions » et « sont heureuses d’avoir résolu ce différend de longue date », indique le communiqué.
Vendredi, le Financial Times avait rapporté que le géant bancaire UBS souhaitait conclure un accord à l’amiable « de dernière minute » avec le Mozambique avant le procès à Londres, afin d’éviter au Crédit Suisse une bataille judiciaire.
Pour éviter la faillite du Crédit Suisse, l’UBS a été contrainte en mars de racheter son ancienne filiale sous la pression des autorités suisses et doit désormais régler les nombreux dossiers qui ont ébranlé la banque.
L’accord conclu entre le Crédit Suisse et le Mozambique « constitue une étape importante dans cette affaire (…) et démontre qu’UBS gère le litige du Crédit Suisse à un rythme soutenu et le résout », a noté l’UBS dans son email envoyé à l’AFP.
En octobre 2021, le Crédit Suisse avait notamment été frappé de sanctions de 475 millions de dollars suite à un accord avec les autorités américaines, britanniques et suisses pour mettre fin aux poursuites concernant les prêts au Mozambique, au cœur d’un vaste scandale de corruption.
En 2013, la banque avait accordé des prêts à des entreprises publiques destinés à financer des projets de surveillance maritime, de pêche au thon et de chantiers navals, mais qui étaient en partie détournés pour des pots-de-vin. Le gouvernement a caché la dette au Parlement, avec des prêts de plusieurs banques, dont le Crédit Suisse, estimés à environ 2 milliards de dollars.
Lorsque le scandale a éclaté en 2016, le FMI et la Banque mondiale ont suspendu leur soutien financier au Mozambique, et le pays a fait défaut sur sa dette souveraine. Sa monnaie s’est effondrée.
Au moment de l’accord en octobre 2021, le Crédit Suisse s’était mis d’accord avec les autorités britanniques pour annuler 200 millions de dollars dus par le Mozambique.
Cependant, le pays avait engagé des poursuites judiciaires, entre autres, contre l’entreprise de construction navale Privinvest et le Crédit Suisse.