Trois grands thèmes sont à l’ordre du jour : l’intelligence financière comme moteur de développement, le retour des talents de la diaspora et le rôle des femmes dans l’entrepreneuriat.
L’intelligence financière, clé du développement économique de l’Afrique
L’un des grands enjeux abordés lors du Business Africa Forum est l’importance de l’intelligence financière pour accélérer la croissance du continent. Si la digitalisation a permis d’améliorer l’inclusion financière, l’éducation financière reste insuffisante.
Pour Stanislas Zeze, PDG de Bloomfield Investment Corporation, la transformation digitale représente une opportunité unique :
« Avec le numérique, nous avons comblé le fossé de l’intelligence financière. Aujourd’hui, n’importe qui peut effectuer des transactions, quelle que soit sa localisation. Cette inclusivité est réelle et nous permet de rattraper une partie du retard accumulé par l’Afrique. »
Cependant, ces progrès ne pourront être pleinement exploités sans un renforcement des connaissances en gestion financière. Joel Kabuya, directeur général adjoint d’Ecobank en RDC, souligne ce manque :
« L’intelligence financière est l’ensemble des connaissances et des compétences nécessaires pour créer de la valeur. Malheureusement, elle fait défaut dans notre système éducatif. Beaucoup d’entrepreneurs ont des idées et du potentiel mais manquent de l’éducation financière nécessaire pour les concrétiser. »
Dans le même temps, Stanislas Zeze souligne l’importance de ne pas compter uniquement sur les multinationales pour le développement du continent :
« Si votre pays se développe uniquement grâce aux entreprises étrangères, l’inclusion économique sera difficile. La richesse doit être créée par les entreprises locales pour qu’elle profite à la population. »
Le retour des talents de la diaspora : un moteur pour l’Afrique
Autre tendance forte évoquée : le retour des talents de la diaspora africaine. En 2020, 40 % de la diaspora en France envisageaient de revenir sur le continent immédiatement, et 71 % dans les dix ans à venir. Cette dynamique s’accélère en 2024 avec la croissance de 4 % de l’Afrique et la montée des opportunités dans le numérique, l’agriculture et l’éducation.
Mais ce retour n’est pas sans poser de défis. Comme le souligne Yacine Ben Fylla, fondateur de Ballers House Agency :
« L’Afrique est un continent plein d’opportunités, mais il ne faut pas croire que tout sera facile. Nous avons encore des défis structurels et un problème de leadership, avec des postes clés qu’il faut pourvoir par les bonnes personnes. »
Face à ces obstacles, la complémentarité entre entrepreneurs de la diaspora et acteurs locaux apparaît comme une solution clé. Stéphane Tiki, directeur du développement et porte-parole du Groupement du Patronat Francophone, souligne l’importance de cette collaboration :
« Il ne faut pas opposer la diaspora et les entrepreneurs locaux. Ceux qui reviennent avec une expertise acquise en France, par exemple, ont besoin de locaux qui connaissent le terrain. C’est en combinant ces expériences que nous construirons des projets solides et durables. »
Régis Mutombo Katalayi, fondateur du Business Africa Forum, partage cette vision et souligne le rôle essentiel de la diaspora dans le développement du continent :
« La diaspora est une ambassadrice. Elle doit montrer l’exemple. Il ne suffit pas d’envoyer de l’argent, il faut aussi créer des opportunités, investir et construire un véritable pont économique entre l’Afrique et la diaspora. »
Un exemple concret de cette dynamique est le secteur immobilier, où de nombreux membres de la diaspora investissent en Afrique, générant des emplois et de la valeur locale :
« La diaspora achète des biens immobiliers en Afrique, ce qui signifie qu’elle doit les construire avec les locaux. Cela crée des emplois et finance le développement. Ce ne sont pas que des mots, c’est du concret.»
Femmes et entrepreneuriat : une bataille pour l’égalité des chances
Le troisième grand thème de cette édition concerne l’entrepreneuriat féminin, qui progresse mais fait encore face à des inégalités persistantes. Selon une étude du Boston Consulting Group, les femmes entrepreneures en France reçoivent 30 % de financements de moins que les hommes, et ce chiffre monte à 50 % pour les afro-descendantes.
En Afrique, la situation est encore plus compliquée. La Banque mondiale révèle que seulement 20 % des entreprises sont dirigées par des femmes, et qu’elles n’accèdent qu’à 1 % du total des financements disponibles. Gwenola Monteiro, fondatrice de Weno Holding, partage ses difficultés :
« Lever des fonds en tant que femme est très compliqué. On est toujours ramenée à notre rôle traditionnel à la maison. Il manque des fonds spécifiquement dédiés aux femmes dans notre communauté. »
Face aux barrières financières et culturelles, certaines entrepreneures choisissent l’autofinancement. C’est le cas de Penola Lawson, fondatrice de la marque de parfum Lawson Paris :
« Avant de lancer mon entreprise, j’ai d’abord créé du contenu pour sécuriser des fonds. C’est une aventure où l’on avance souvent à l’aveugle, mais il faut être préparé. »
Un forum incontournable pour l’avenir de l’entrepreneuriat africain
A travers ces thématiques, cette édition spéciale du Business Africa Forum met en lumière les opportunités et les défis qui façonnent l’économie africaine. Comme le souligne son fondateur, Régis Mutombo Katalayi :
« Business Africa est avant tout une plateforme de promotion et de mise en relation des entrepreneurs africains. L’objectif est de donner de la visibilité, mais aussi de susciter des partenariats concrets entre l’Afrique et sa diaspora. »
Cet engagement fait du Business Africa Forum un rendez-vous incontournable pour quiconque souhaite contribuer activement au développement du continent.