Le président William Ruto a pour la première fois publiquement reconnu les abus de pouvoir des forces de sécurité du Kenya, après une vague d’enlèvements controversés qui ont déclenché des manifestations généralisées.
Dans une déclaration lors de son discours du Nouvel An mardi, Ruto a admis qu’il y avait eu des « cas d’actions excessives et extrajudiciaires » de la part du personnel de sécurité, mais n’a pas fourni de détails.
Ses commentaires interviennent après des manifestations menées par des jeunes contre des enlèvements présumés par les forces de sécurité, en particulier après la violente répression des manifestations de juin et juillet. Ces manifestations, visant à répondre aux inquiétudes croissantes concernant les disparitions, ont été réprimées avec une force importante, notamment des gaz lacrymogènes et des détentions massives.
« Cela dit, il est crucial de se rappeler que chaque liberté a ses limites, et que la sécurité et l’ordre publics doivent toujours primer sur le désir d’une liberté sans entrave », a déclaré Ruto.
Au milieu des inquiétudes persistantes, les militants des droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme l’échec du gouvernement à enquêter de manière approfondie sur ces disparitions. Une décision judiciaire récente a exigé que cinq hommes qui auraient été enlevés par les forces de sécurité soient libérés immédiatement, ou que la police fournisse des explications sous serment.
Cependant, personne n’a été traduit devant le tribunal mardi, et l’inspecteur général de la police a envoyé un représentant à sa place. Les familles des disparus sont de plus en plus désespérées.
Les dernières disparitions concernent principalement des jeunes qui critiquent Ruto, dont deux qui ont partagé une image controversée générée par l’IA du président allongé dans un cercueil. Dans son discours, Ruto a lié ces incidents à la montée des manipulations numériques, notamment des activités néfastes sur les réseaux sociaux. « Ce sont des signes clairs que notre tissu moral risque de se dégrader », a fait remarquer Ruto.
Human Rights Watch a pointé du doigt une unité de sécurité spéciale composée de plusieurs agences, la Commission nationale kenyane des droits de l’homme ayant signalé sept enlèvements ce mois-ci seulement, dont six sont toujours portés disparus. Depuis juin, 29 personnes sur les 82 disparitions signalées restent portées disparues, ce qui renforce les appels à la responsabilité du gouvernement et des forces de sécurité.