Tidjane Thiam, ex-dirigeant du Crédit Suisse et récemment désigné candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) pour l’élection présidentielle d’octobre, se retrouve au cœur d’une vive controverse juridique et politique. Une décision de justice l’a exclu de la liste électorale, arguant qu’il aurait perdu sa nationalité ivoirienne en adoptant la nationalité française en 1987.
Mais pour Thiam, cette exclusion est injustifiée. « Je suis né Ivoirien », déclare-t-il fermement, contestant l’interprétation d’une vieille loi de 1961 utilisée contre lui — une loi rarement appliquée, selon lui, mais soudainement réactivée à son encontre. Il accuse les autorités d’instrumentaliser la justice pour barrer la route aux candidats de l’opposition, soulignant que « ce n’est pas au régime de choisir qui peut le défier ».
La controverse survient alors que Thiam avait officiellement renoncé à sa nationalité française en mars, précisément pour répondre aux exigences légales de candidature. Malgré cela, le tribunal a jugé que son inscription initiale sur les listes électorales s’était faite alors qu’il n’était plus légalement Ivoirien, invalidant ainsi sa candidature.
Le PDCI, indigné, a suspendu ses activités parlementaires en signe de protestation. Plusieurs voix dénoncent une atteinte grave à la démocratie, d’autant plus que Thiam apparaissait comme un adversaire sérieux du parti au pouvoir.
Issu d’une famille politique de premier plan, Tidjane Thiam a fait carrière à l’international avant de revenir sur la scène nationale. Ministre du Plan à la fin des années 1990, il avait quitté la Côte d’Ivoire après le coup d’État de 1999. Depuis, il a occupé des postes de direction dans des groupes financiers de renom avant de revenir sur le devant de la scène africaine en tant qu’envoyé spécial de l’Union africaine pendant la crise du Covid-19.
Critiqué pour son éloignement du pays, Thiam estime que sa carrière internationale renforce sa légitimité : « Les Ivoiriens m’ont suivi, comme ils suivent leurs footballeurs. »
Pour lui, cette crise dépasse sa seule personne : « La vraie question, ce n’est pas mon passeport, mais si ce gouvernement mérite cinq années de plus après quinze ans de pouvoir. »
Attaché à la stabilité, il insiste : « Mon premier engagement, c’est une Côte d’Ivoire en paix, avec elle-même et avec ses voisins. »
À moins d’un retournement judiciaire, la liste définitive des candidats sera publiée le 20 juin, sans Tidjane Thiam. Mais ses partisans gardent espoir. Pour eux, l’enjeu n’est pas seulement électoral : c’est l’avenir démocratique du pays qui est en jeu.