Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo a annoncé qu’il briguerait un second mandat en novembre, dans un contexte de tensions avec une opposition qui refuse de le reconnaître comme l’actuel président du pays.
Parallèlement, une délégation du bloc régional ouest-africain CEDEAO qui avait été envoyée en Guinée-Bissau dans l’espoir de résoudre la crise politique du pays est partie lundi après ce qu’elle a qualifié de menaces d’expulsion d’Embalo. Embalo, qui a dissous le parlement dominé par l’opposition fin 2023, a déclaré aux journalistes qu’il se présenterait à nouveau lundi à l’aéroport de la capitale Bissau après son voyage en Russie, en Azerbaïdjan et en Hongrie. « Je serai candidat à ma propre succession », a déclaré Embalo. La constitution de la Guinée-Bissau fixe le mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une fois, et Embalo se présenterait pour un second mandat autorisé. Mais les détails de son premier mandat sont compliqués, et l’opposition soutient que son premier mandat est déjà terminé.
L’annonce d’Embalo risque d’aggraver les tensions dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, qui a subi de nombreux coups d’État depuis son indépendance du Portugal il y a plus de 50 ans. Embalo a remporté les élections le 24 novembre 2019 et a prêté serment comme président le 27 février 2020, mais l’opposition a contesté le résultat et la Cour suprême n’a reconnu sa victoire que le 4 septembre.
L’opposition affirme que le mandat d’Embalo aurait dû prendre fin le 27 février de cette année, mais la Cour suprême a décidé qu’il devait se poursuivre jusqu’au 4 septembre. Embalo a fixé la date des élections au 30 novembre et affirme qu’il devrait rester en fonction jusqu’à cette date, mais l’opposition refuse depuis la semaine dernière de le reconnaître comme président. Les dirigeants de l’opposition ont prévenu qu’ils planifieraient des manifestations de masse et des grèves, mais attendent de voir si la mission de la CEDEAO réussit.
Embalo dit avoir survécu à deux tentatives de le renverser au cours des trois dernières années. Après la dernière en date, en décembre 2023, qui a vu une fusillade entre la garde nationale et la garde présidentielle, il a dissous le parlement contrôlé par l’opposition, l’accusant de passivité. La semaine dernière, Embalo a rencontré le président russe Vladimir Poutine pour discuter de liens économiques et sécuritaires potentiels, la Russie étant devenue le partenaire de sécurité de choix d’un nombre croissant de gouvernements africains, remplaçant des alliés traditionnels comme la France et les États-Unis.