Le principal chef de l’opposition mozambicaine, Venâncio Mondlane, a déclaré à la BBC qu’il était prêt à servir dans le gouvernement si le président Daniel Chapo répondait à ses exigences pour mettre fin à la crise politique qui frappe le pays après des élections contestées.
Chapo a déclaré avoir mis en place une équipe qui « envisageait » d’inviter son rival à rejoindre un nouveau gouvernement « inclusif ».
Les deux hommes ont exposé leurs positions dans des interviews séparées avec la BBC, donnant l’impression qu’ils étaient ouverts à un rapprochement après la mort d’environ 300 personnes dans les troubles post-électoraux.
Mondlane a rejeté sa défaite aux élections d’octobre, affirmant que le résultat était truqué – ce que Chapo a nié.
La plus haute cour du Mozambique a déclaré Chapo vainqueur avec 65 % des voix contre 24 % pour Mondlane.
Chapo était le candidat du parti au pouvoir, le Frelimo, car son prédécesseur, Filipe Nyusi, a dû démissionner après avoir effectué deux mandats.
Chapo a officiellement prêté serment comme président le 15 janvier, environ une semaine après que Mondlane ait tenu sa propre inauguration pour se proclamer « président du peuple ».
Mondlane a déclaré à la BBC que Chapo avait été « imposé » à la nation et qu’il était le « président des forces de défense ».
Mondlane a déclaré qu’il avait néanmoins décidé de suspendre les manifestations pendant les 100 premiers jours du mandat de son rival à condition qu’il fasse ce qui suit :
- libérer sans condition environ 5,000 personnes détenues pour avoir participé à des manifestations contre le résultat des élections.
- verser une compensation financière aux familles des personnes tuées par la police pendant les manifestations et
- offrir des soins médicaux gratuits à environ 200 personnes blessées par la police.
Mondlane a déclaré que si Chapo acceptait cela, il « ouvrirait une fenêtre » pour des négociations ou bien il appellerait ses partisans à reprendre les manifestations.
Interrogé sur sa volonté de travailler au sein du gouvernement de Chapo, Mondlane a répondu : « Oui, s’il a vraiment envie de travailler avec moi. Il a la possibilité de m’inviter à la table du dialogue. »
Dans son interview à la BBC, Chapo a déclaré qu’il souhaitait « gouverner de manière inclusive » et introduire des réformes pour répondre aux préoccupations concernant la loi électorale, les droits de l’homme et la liberté d’expression.
Il a déclaré que des pourparlers étaient actuellement en cours avec les partis d’opposition représentés au nouveau parlement, et qu’ils seraient ultérieurement élargis pour inclure «tous les segments de la société».
Chapo a ajouté qu’il souhaitait former un gouvernement « ouvert à tous les Mozambicains », mais il a tenu à souligner que « le profil du peuple est très important ».
Interrogé sur la question de savoir s’il pensait que Mondlane était qualifié pour servir au gouvernement, Chapo a répondu : « Cela dépendra… parce qu’il y a une équipe qui est en train d’examiner cela, en fonction du profil des personnes, de leurs compétences, de leur méritocratie, de leur patriotisme – toutes ces conditions préalables auxquelles je fais allusion.
Si l’équipe arrive à la conclusion que ces personnes ont le profil adéquat, elles feront partie du gouvernement. Ceux qui n’ont pas ce profil ne participeront pas ».
Agé de 47 ans, Chapo a été choisi par le Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance il y a 49 ans, comme candidat pour rallier les jeunes électeurs touchés par un chômage élevé et exaspérés par les décennies de règne du parti.
Il a déclaré à la BBC qu’il souhaitait que les investissements locaux et étrangers augmentent au Mozambique afin de rendre l’économie « plus dynamique ».
Cela aiderait à créer des emplois pour les jeunes afin qu’ils puissent « construire leurs maisons, fonder leurs familles et stabiliser leurs vies ».
Mondlane, 50 ans, a bénéficié d’un soutien considérable parmi les jeunes après les avoir ralliés pendant la campagne électorale avec le slogan « Sauvez le Mozambique – ce pays est à nous ».
Il s’est présenté au scrutin en tant qu’indépendant après avoir rompu avec le principal parti d’opposition, la Renamo. Un petit parti qui a soutenu sa candidature a remporté quelques sièges parlementaires lors des élections.