Le lac Naivasha, situé à quelques heures de route au nord-ouest de Nairobi, est célèbre pour ses flamants roses et ses hippopotames. Cependant, il est désormais envahi par la jacinthe d’eau, une plante aquatique invasive qui menace les moyens de subsistance des pêcheurs locaux.
Les moteurs de leurs petites embarcations et leurs filets se retrouvent régulièrement coincés dans le tapis vert formé par cette plante. De plus, avec la réduction de l’oxygène dans l’eau, les poissons se font de plus en plus rares.
Simon Macharia, un pêcheur local, témoigne : « Avant l’invasion de la jacinthe d’eau, nous capturions une grande quantité de poissons, jusqu’à 90 kilogrammes par jour. Mais aujourd’hui, nous n’arrivons plus qu’à en attraper entre 10 et 15 kilogrammes. »
Cependant, un jeune Kenyant, Joseph Nguthiru, a trouvé une solution innovante. Ce projet, qui a commencé comme un travail de fin d’études après une excursion de terrain désastreuse qui a laissé lui et ses camarades bloqués sur le lac Naivasha, est désormais un véritable succès. Son entreprise, HyaPak, collabore avec les pêcheurs pour récolter cette plante invasive et la transformer en emballages biodégradables.
« Ce que nous essayons de faire, c’est utiliser un problème, la jacinthe d’eau, pour résoudre un autre problème, à savoir la pollution plastique », explique Nguthiru.
La plante est séchée sur place puis transportée vers les installations de HyaPak, où elle est mélangée avec des liants et des additifs, avant d’être modelée sous forme d’emballages. Ce processus non seulement résout un problème écologique mais offre une alternative durable aux sacs plastiques dans plusieurs secteurs.
Nguthiru précise que l’entreprise cherche des domaines à forte utilisation de plastique où des solutions plus durables sont nécessaires, comme l’agriculture. « Par exemple, pour les semences, nous utilisons des sacs biodégradables, qui, en se décomposant, libèrent des nutriments qui accélèrent la croissance des plantes tout en réduisant la consommation d’eau. »
HyaPak exporte déjà ses produits aux États-Unis et en Allemagne, et prévoit d’étendre ses franchises en Inde et au Salvador, deux pays également confrontés à la problématique de la jacinthe d’eau.