Des dizaines de personnes ont été arrêtées à Kampala, la capitale ougandaise, après avoir participé à des manifestations dispersées contre la corruption, au mépris d’une interdiction officielle.
Les avocats ont déclaré qu’environ 60 personnes, dont un éminent présentateur de télévision et trois jeunes leaders de la protestation, ont été traduites en toute hâte devant les tribunaux et placées en détention provisoire à la suite d’une marche vers le parlement du pays mardi.
Le président Yoweri Museveni, qui dirige l’Ouganda depuis près de quatre décennies, avait averti avant l’événement que les manifestants « jouaient avec le feu ».
La marche a été organisée sur les réseaux sociaux dans un contexte de colère suscitée par des allégations de corruption de longue date impliquant plusieurs hauts fonctionnaires.
Les manifestations ont été en partie inspirées par les manifestations du mois dernier au Kenya voisin, qui ont contraint le président William Ruto à abandonner les augmentations d’impôts prévues.
La police avait précédemment annoncé qu’elle avait refusé d’autoriser la marche et qu’elle n’autoriserait aucune manifestation menaçant la « paix et la sécurité » de l’Ouganda.
Mardi, des agents anti-émeutes ont été vus surveillant des barrages routiers, tandis que des membres des forces de sécurité fermaient les routes et montaient la garde autour du bâtiment du Parlement.
Des images montraient des manifestants brandissant des pancartes indiquant « Stop à la corruption » et qualifiant le Parlement de « repaire de voleurs ». Un autre a déclaré : « Nous sommes des manifestants pacifiques ».
D’autres montraient des manifestants malmenés par la police et poussés à l’arrière de fourgons anti-émeutes.
« Nous en avons assez de la corruption », a déclaré à l’AFP le manifestant Samson Kiriya, à travers les barreaux d’une camionnette, après avoir été arrêté.
Parmi les personnes arrêtées figuraient la célèbre présentatrice de télévision et de radio Faiza Salima, ainsi que trois organisateurs de la manifestation : George Victor Otieno, Kennedy Ndyamuhaki et Aloikin Praise Opoloje.
Bernard Oundo, président de l’Uganda Law Society, a déclaré qu’une audience avait vu 50 personnes inculpées.
« Il s’agissait d’un procès précipité. Ils ont été arrêtés et traduits en justice dans un délai très court et incarcérés sans obtenir leur libération sous caution », a-t-il déclaré.
« Nous veillerons à ce que justice soit rendue à ces personnes. »
A la veille de la marche, le principal leader de l’opposition ougandaise, Bobi Wine, a déclaré que les forces de sécurité avaient assiégé le siège de Kampala de son parti, la Plateforme d’unité nationale.
Il a indiqué que certains responsables de son parti avaient été « violemment arrêtés » et que les bureaux avaient été transformés en « caserne militaire ».
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« Les lâches arrêtent les jeunes dont le seul crime est de brandir une pancarte. »
Il a ajouté que des équipes juridiques et sociales seraient mises à la disposition de ceux qui en ont besoin.
Plus tôt cette année, le Royaume-Uni et les États-Unis ont imposé des sanctions à un certain nombre de responsables ougandais, dont la présidente du Parlement Anita Among et trois anciens ministres ou ministres en exercice, pour implication présumée dans des affaires de corruption.