Le président tanzanien, Samia Suluhu Hassan, a prêté serment lundi lors d’une cérémonie restreinte aux invités, à la suite d’une élection contestée qui a déclenché des manifestations meurtrières après l’invalidation des candidatures de deux des principaux candidats de l’opposition.
La cérémonie s’est déroulée sur un terrain appartenant au gouvernement à Dodoma, la capitale administrative, une rupture avec les traditions antérieures, où le président prêtait serment dans des stades de football bondés et ouverts au public.
La tension restait vive à Dar es Salaam, la capitale économique, après trois jours de manifestations post-électorales. Les stations-service et les épiceries étaient fermées et les rues quasi désertes, les fonctionnaires continuant de télétravailler. À Dodoma, la plupart des habitants sont restés chez eux.
L’élection du 29 octobre a été marquée par des violences, les manifestants descendant dans les rues des principales villes pour protester contre le scrutin et interrompre le dépouillement des votes. L’armée a été déployée pour épauler la police dans le maintien de l’ordre. La connexion internet a été intermittente dans ce pays d’Afrique de l’Est, perturbant les déplacements et d’autres activités.
Les manifestations se sont propagées à travers la Tanzanie et le gouvernement a reporté la rentrée universitaire, initialement prévue pour le 3 novembre.
Les autorités tanzaniennes n’ont pas communiqué le nombre de victimes, tuées ou blessées, des violences. Un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Seif Magango, a déclaré vendredi, lors d’une conférence de presse à Genève par visioconférence depuis le Kenya, que des informations crédibles faisaient état de 10 morts à Dar es Salaam et dans les villes de Shinyanga et Morogoro.
Les résultats des élections ont été rejetés par le principal parti d’opposition, Chadema.
« Ces résultats sont dénués de tout fondement, car la vérité est qu’aucune élection authentique n’a eu lieu en Tanzanie », a notamment déclaré le parti dans un communiqué.
Le chef du parti Chadema, Tundu Lissu, est emprisonné depuis plusieurs mois pour trahison. Il est accusé d’avoir appelé à des réformes électorales qu’il jugeait nécessaires à la tenue d’un scrutin libre et équitable. Un autre opposant, Luhaga Mpina, du parti ACT-Wazalendo, a été empêché de se présenter aux élections.
Les présidents du Mozambique, de la Zambie, du Burundi et de la Somalie ont assisté à la cérémonie d’investiture lundi.
Le président kényan, William Ruto, a publié lundi une déclaration exhortant les Tanzaniens à maintenir la paix et appelant au dialogue entre les parties prenantes afin de préserver la stabilité nationale. M. Ruto ne s’est pas rendu à Dodoma lundi et était représenté par son vice-président.
Les violences électorales en Tanzanie ont entraîné la fermeture du poste frontière avec le Kenya à Namanga, où des marchandises agricoles transportées par camion pourrissent depuis six jours.




