Le gouvernement nigérien a annoncé jeudi la nationalisation de la société française Orano, spécialisée dans l’uranium de Somaïr, accusée d’avoir accaparé une part disproportionnée de l’uranium produit sur le site.
Cette annonce intervient alors que les autorités militaires de ce pays d’Afrique de l’Ouest resserrent leur emprise sur les entreprises étrangères et la société civile. Des tensions couvent depuis des mois entre le gouvernement militaire nigérien et la société française, et les relations entre Niamey et Paris se sont détériorées.
« Face au comportement irresponsable, illégal et déloyal d’Orano, société détenue par l’État français – un État ouvertement hostile au Niger depuis le 26 juillet 2023… le gouvernement nigérien a décidé, en toute souveraineté, de nationaliser la Somaïr », ont indiqué les autorités dans un communiqué.
Les autorités allèguent qu’Orano a accaparé une part disproportionnée de l’uranium produit à la Somaïr. Ils ont ajouté que l’entreprise avait également été accusée d’autres « actions irresponsables » sur le site, sans plus de précisions.
Orano n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaires de l’Associated Press.
Somaïr est une coentreprise entre Orano et la société d’État nigérienne Sopamin, qui exploite la seule mine d’uranium en activité du pays. Mais l’année dernière, les autorités ont pris le contrôle opérationnel de Somaïr. Elles ont également retiré à Orano le permis d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren, dont les réserves sont estimées à 200 000 tonnes.
Orano est impliquée dans plusieurs arbitrages avec le Niger. Le mois dernier, elle a intenté une action en justice contre les autorités nigériennes après la disparition de son directeur et la perquisition de ses bureaux locaux.
Orano est présente au Niger, septième fournisseur mondial d’uranium, depuis plus de 50 ans et détient des participations majoritaires dans trois grandes mines d’uranium du Niger.
Les autorités militaires nigériennes ont pris le pouvoir en 2023, s’engageant à rompre leurs liens avec l’Occident et à réexaminer les concessions minières. Auparavant, le pays était le principal partenaire économique et sécuritaire de l’Occident au Sahel, vaste région au sud du désert du Sahara, foyer d’extrémisme violent.