Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien chef de la Garde républicaine et figure du coup d’État d’août 2023 au Gabon, a officiellement prêté serment ce samedi en tant que président de la République. Plébiscité avec près de 95 % des voix lors de la présidentielle de 2025, il entame désormais un mandat civil après avoir dirigé un gouvernement de transition pendant 19 mois.
L’investiture, qui s’est tenue au stade d’Angondjé à Libreville, a rassemblé plus de 40 000 personnes et une vingtaine de chefs d’État africains, marquant ainsi une étape symbolique dans l’après-Bongo. Parmi les présences notables figuraient les présidents du Sénégal, de la RD Congo, de Djibouti et de la Guinée équatoriale.
Âgé de 50 ans, Oligui a promis de rompre avec 55 ans de régime dynastique, souvent critiqué pour sa gestion clientéliste et l’exclusion des populations de la manne pétrolière. « Je veux rendre au peuple ce qui lui a été volé », a-t-il déclaré lors de son discours inaugural, affirmant vouloir redonner dignité et confiance à la nation gabonaise.
Malgré la richesse en pétrole, or et manganèse, le Gabon reste confronté à des défis structurels. Près d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et 40 % des jeunes sont sans emploi. Le slogan de campagne d’Oligui, “Construisons ensemble”, avait mis l’accent sur les grands chantiers d’infrastructure et la lutte contre la corruption.
Toutefois, son passé soulève des interrogations. Une enquête journalistique antérieure a révélé son implication présumée dans l’expansion des avoirs étrangers de la famille Bongo. Interrogé à ce sujet, le nouveau président a évoqué des « affaires privées ».
Alors que le FMI et les bailleurs de fonds suivent de près l’évolution économique du pays, la Banque mondiale note un rebond de 2,9 % du PIB en 2024, tiré par les exportations et les investissements publics. Les Gabonais, eux, attendent des actes concrets pour tourner la page des frustrations passées et inscrire le pays dans une nouvelle ère de gouvernance.