Le président libérien George Weah a reconnu vendredi sa défaite électorale face au chef de l’opposition Joseph Boakai après une course serrée, mettant fin à une présidence entachée d’allégations de corruption mais contribuant à assurer une transition en douceur du pouvoir dans ce pays africain autrefois instable.
Boakai, 78 ans, ancien vice-président qui a perdu contre Weah aux élections de 2017, est arrivé en tête avec 50,9 % des voix contre 49,1 % pour Weah, presque tous les votes étant comptés, a annoncé vendredi la commission électorale du pays.
Ce résultat marque un revirement radical par rapport à 2017, lorsque la légende mondiale du football Weah, portée par une vague d’espoir, avait battu Boakai avec 62 % des voix. Depuis, nombreux sont ceux qui sont déçus par l’absence de progrès : la pauvreté, le chômage, l’insécurité alimentaire et un mauvais approvisionnement en électricité persistent.
La période de campagne tumultueuse a fait plusieurs morts et des incidents ont été signalés entre les deux tours, suscitant des inquiétudes quant aux conséquences potentielles de l’élection, en particulier en cas de résultat serré.
L’élection revêt une importance particulière car elle s’est déroulée 20 ans après la fin des guerres civiles au Libéria, qui ont coûté la vie à plus de 250 000 personnes entre 1989 et 2003. La mémoire de ces conflits reste vivace dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Cette élection a notamment été la première à se dérouler sans la présence de la mission des Nations Unies au Libéria. La mission, créée en 2003 et partie en 2018, avait pour objectif d’assurer la paix d’après-guerre.
La concession de Weah ouvre la voie au deuxième transfert démocratique du pouvoir au Libéria en plus de sept décennies – le premier ayant eu lieu lorsque Weah a accédé au pouvoir il y a six ans.
Ses commentaires ont été remarquables en Afrique occidentale et centrale, où il y a eu huit coups d’État militaires en trois ans, érodant la confiance dans les élections démocratiques. Lorsque des élections ont lieu dans la région, les accusations de fraude abondent et les résultats sont fréquemment contestés devant les tribunaux.
Les partisans de Boakai ont dansé, crié et klaxonné sous la pluie après l’annonce des résultats quasi définitifs, à Monrovia, la capitale.
Ancien
Le vainqueur, M. Boakai, prendra les commandes de ce pays anglophone d’environ cinq millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde, pour six années supplémentaires.
De 2006 à 2018, Boakai a été vice-présidente d’Ellen Johnson Sirleaf, la première femme chef d’État élue d’Afrique. Il a occupé une multitude de postes au sein du gouvernement et du secteur privé.
Malgré son âge, il s’est imposé face à un adversaire de 21 ans son cadet (57 ans) resté populaire auprès des jeunes, mais qui a dû défendre un bilan critiqué.
M. Boakai a pris sa revanche contre celui qui l’avait largement battu au second tour en 2017 avec plus de 61% des voix, mais à qui ses détracteurs reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses de lutte contre la pauvreté et la corruption.
Cette fois, les résultats ont été beaucoup plus serrés, et les deux hommes sont passés au second tour après s’être retrouvés au coude à coude au premier, avec un peu plus de 43 % et une avance de 7 126 voix pour M. Weah.