Des milliers d’Ivoiriens sont descendus dans la rue à Abidjan, la capitale de ce pays d’Afrique de l’Ouest, pour protester contre l’exclusion des leaders de l’opposition de la prochaine élection présidentielle.
La Côte d’Ivoire, première économie d’Afrique de l’Ouest francophone, doit organiser une élection présidentielle en octobre. Plus tôt cette année, quatre figures majeures de l’opposition, dont l’ancien président Laurent Gbagbo et l’ancien directeur général du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, ont été exclues de la liste par la Commission électorale.
Les manifestants se sont rassemblés samedi matin à Yopougon, une banlieue densément peuplée d’Abidjan, la capitale, brandissant des banderoles portant des messages tels que : « Trop c’est trop ! », « Pas de vraie démocratie sans vraie justice » et « Nous sommes des millions à dire OUI à Gbagbo et Thiam ». Gbagbo et Thiam ont uni leurs forces plus tôt cette année pour défier le président sortant Alassane Ouattara.
Le mois dernier, Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, a annoncé qu’il briguerait un quatrième mandat. La candidature de Ouattara est contestée depuis qu’il a modifié la Constitution en 2016 pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels.
« Nous ne voulons pas d’un quatrième mandat, et nous voulons une révision de la liste électorale, c’est ce que nous demandons », a déclaré Sagesse Divine, une militante qui a participé à la marche de samedi. « Nous voulons que tous les noms des candidats soient inclus, et nous voulons que les élections se déroulent dans le calme, c’est tout ce que nous voulons. »
Une élection sous le signe des tensions
Les autorités ivoiriennes n’ont pas fait de commentaires dans l’immédiat.
Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a remporté la primaire du parti sans opposition.
Considéré comme le principal rival de Ouattara, il s’est vu interdire de se présenter au motif qu’il était encore citoyen français au moment de sa candidature, même s’il a ensuite renoncé à sa nationalité française. La loi ivoirienne interdit aux binationaux de se présenter à l’élection présidentielle.
Les élections en Côte d’Ivoire sont généralement marquées par des tensions et des violences. Lorsque Ouattara a annoncé sa candidature pour un troisième mandat, plusieurs personnes ont été tuées lors des violences électorales.
Ouattara est le dernier d’un nombre croissant de dirigeants ouest-africains à se maintenir au pouvoir en modifiant la durée constitutionnelle des mandats. Les putschistes de la région ont utilisé la corruption présumée au sein des gouvernements démocratiques et les changements électoraux comme prétextes pour s’emparer du pouvoir, provoquant une scission au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Ouattara a justifié sa décision de se présenter en affirmant que la Côte d’Ivoire est confrontée à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent, qui nécessitent une certaine expérience pour être gérés efficacement.