N’DJAMENA, 28 novembre (Reuters) – Le gouvernement tchadien a annoncé jeudi avoir mis fin à son accord de coopération en matière de défense avec la France, une décision qui pourrait entraîner le départ des troupes françaises du pays d’Afrique centrale.
Dans un communiqué, le ministère tchadien des Affaires étrangères a déclaré que le pays, un allié occidental clé dans la lutte contre les militants islamistes dans la région, souhaitait affirmer pleinement sa souveraineté après plus de six décennies d’indépendance.
Il a déclaré que la décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense révisé en 2019 lui permettrait de redéfinir ses partenariats stratégiques.
Le Tchad a coopéré étroitement avec les forces militaires des pays occidentaux dans le passé, mais il s’est rapproché de la Russie ces dernières années.
Cette décision est un nouveau clou dans le cercueil du rôle historique et colonial de la France en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale après avoir été forcée de retirer ses troupes du Mali, du Niger et du Burkina Faso à la suite de coups d’État militaires.
Les juntes militaires se sont depuis tournées vers la Russie, qui a déployé des mercenaires dans toute la région du Sahel, une bande de pays s’étendant du nord-ouest au nord-est de l’Afrique, et a noué des liens plus étroits avec le président tchadien Mahamat Deby.
« Conformément aux termes de l’accord, le Tchad respectera les modalités de la résiliation, y compris les délais nécessaires, et collaborera avec les autorités françaises pour assurer une transition harmonieuse », a déclaré le communiqué.
Le ministère français des Affaires étrangères n’était pas immédiatement disponible pour commenter.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’est rendu jeudi à la frontière du Tchad avec le Soudan.
Il n’y a aucune indication que Paris ait été prévenu à l’avance de la décision, bien qu’un envoyé français auprès du président Emmanuel Macron ait remis cette semaine un rapport contenant des propositions sur la manière dont la France pourrait réduire sa présence militaire au Tchad, au Gabon et en Côte d’Ivoire, où elle a déployé des milliers de soldats depuis des décennies.
La France compte actuellement environ 1 000 soldats ainsi que des avions de guerre stationnés au Tchad.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a porté un nouveau coup à la France en déclarant jeudi à la télévision publique française qu’il était inapproprié que des troupes françaises maintiennent une présence dans son pays.
Il n’a pas précisé si les troupes françaises seraient invitées à quitter le pays, ni quand, mais a déclaré que Paris serait le premier à le savoir. Environ 350 soldats français sont basés au Sénégal.
Le ministère tchadien des Affaires étrangères a déclaré que la décision de mettre fin au partenariat de défense du pays avec la France ne devrait en aucun cas porter atteinte aux relations amicales entre les deux pays.
Plus tôt cette année, le Tchad a ordonné à un petit contingent d’opérations spéciales américaines de quitter le pays. En septembre, les États-Unis ont déclaré qu’ils étaient en pourparlers pour leur retour.
Le Pentagone n’a pas répondu à une demande de commentaire sur sa présence actuelle au Tchad.