Après près d’une semaine de mécontentement croissant de l’opinion publique, la présidence togolaise a annoncé que le projet de loi controversé sur la réforme constitutionnelle serait à nouveau déposé au Parlement.
Dans un communiqué dévoilé le 29 mars, le cabinet du président Faure Gnassingbé invoque « l’intérêt suscité » par l’adoption du projet de loi et le « caractère perfectible de la loi » pour justifier la demande d’une « deuxième lecture ».
La législation, initialement adoptée par le Parlement le 25 mars, a été critiquée par les partis d’opposition qui la considèrent comme un stratagème visant à consolider la domination de Gnassingbé sur la structure du pouvoir au Togo.
Gnassingbé dirige le pays depuis 2005. Avant cela, c’était son père qui était aux commandes.
La constitution proposée confère au Parlement le pouvoir de choisir le président, supprimant ainsi les élections directes. Il est donc probable que Gnassingbé soit réélu à l’expiration de son mandat en 2025.
Au lieu d’un mandat renouvelable de 5 ans, le projet de loi proposé restreint le pouvoir des futurs présidents et introduit une limite d’un mandat. Au lieu de cela, il confère davantage de pouvoir à une personnalité semblable à un Premier ministre, officiellement appelé président du conseil des ministres. Mais l’opposition craint que ce rôle ne devienne un autre moyen pour Gnassingbé d’étendre son emprise sur le pouvoir.
Reporter, pas annuler
Des militants et des dirigeants de l’opposition au Togo ont appelé mercredi 27 mars à des manifestations pour empêcher le président du pays de signer une nouvelle constitution.
Le clergé catholique chrétien a exhorté le président à ne pas signer le projet de loi. « Un sujet d’une telle importance qui va profondément changer la vie politique du pays doit donner lieu à une large consultation et à un débat national plus inclusif », a déclaré la Conférence des évêques catholiques togolais dans un communiqué la semaine dernière.
La présidence togolaise a déclaré que le gouvernement avait reçu le projet de loi jeudi 28 mars du « bureau de l’Assemblée nationale ».
Le président Faure Gnassingbé a alors demandé au président de l’Assemblée nationale de superviser une « deuxième lecture ».
Suite à cette annonce, certains Togolais ont critiqué cette décision sur les réseaux sociaux, arguant que « la volonté du peuple [était] que le projet de loi soit complètement abandonné ».
Le vote de la Constitution controversée précède les élections législatives et régionales.
Quelque 4,2 millions de Togolais sont inscrits sur les listes électorales le 20 avril.
On ne sait pas exactement quand les législateurs entameront la deuxième lecture et si des amendements seront apportés au projet de loi adopté.
La date à laquelle la réforme entrera en vigueur n’a pas non plus été communiquée.
Les prochaines élections législatives auront lieu le 20 avril, en même temps que les élections régionales.