Quelque 27 millions de Sud-Africains sont déjà inscrits pour voter le 29 mai lors des élections nationales cruciales du pays. Au cours des derniers mois, les sondages, certains contestés, ont systématiquement prédit que le Congrès national africain au pouvoir pourrait perdre sa majorité au Parlement pour la première fois.
Depuis que le Congrès national africain (ANC), au pouvoir, est arrivé au pouvoir avec la chute de l’apartheid il y a 30 ans, il a toujours remporté une seule élection nationale.
Plusieurs sondages prévoient cependant que le parti autrefois dirigé par Nelson Mandela passera en dessous de 50 % des voix.
La Fondation Brenthurst, basée à Johannesburg [NDLR : la fondation a été créée par la famille Oppenheimer], a été dévoilée lors des élections du 8 mars.
L’enquête menée par SABI Strategy plus tôt cette année montre que ce pays d’Afrique australe aura presque certainement un gouvernement de coalition après ces élections, l’ANC ayant encore glissé à 39 % des voix.
1 506 électeurs inscrits ont participé à l’enquête.
Les résultats ont été modélisés sur la base du taux de participation de 66 % lors des dernières élections générales de 2019.
Plus de la moitié (53 %) ont déclaré que « le gouvernement ANC des trois dernières décennies » était responsable des problèmes auxquels le pays est confronté, suivi par 11 % qui ont déclaré que l’apartheid était à blâmer.
L’économie la plus développée du continent est aux prises avec des problèmes tels qu’un chômage record, une crise de l’électricité qui a entraîné des coupures de courant paralysantes dans les foyers et les entreprises, et une méfiance généralisée des électeurs suite à un flot d’allégations de corruption au fil des ans.
Les personnes interrogées citent le chômage (28 %), la corruption (27 %), le délestage (17 %), la faiblesse du leadership (12 %) et la criminalité (11 %) comme problèmes urgents.
Les partis d’opposition gagnent gros
John Steenhuisen et le parti MK nouvellement fondé, soutenu par Jacob Zuma, sont apparemment les gagnants du soutien décroissant de l’ANC.
Le parti MK, lancé en décembre dernier et soutenu, devrait dépasser l’EFF avec 13% des voix.
L’Alliance démocratique (DA), dirigée par John Steenhuisen, a augmenté sa part des voix à 27 % (contre 23 % en octobre de l’année dernière).
Les combattants de la liberté économique de Julius Malema, populaires auprès de nombreux Sud-Africains désabusés, perdent du terrain selon l’enquête dévoilée le 8 mars. Le soutien à l’EFF s’élève à 10%, contre 17% en octobre.
Un nombre égal d’électeurs (33 %) estiment que le DA et l’ANC sont les partis les plus efficaces pour gouverner.
La crédibilité de l’enquête a cependant été remise en question par l’EFF.
En effet, alors que les partis déclarent financer la Commission électorale indépendante, il a été révélé que les Oppenheimer figurant sur la liste étaient les principaux donateurs de DA.
Le porte-parole de l’EFF a rejeté sur Twitter les résultats de l’enquête : « Les Oppenheimer ont donné des millions à DA, Action SA et Rise Mzansi, et sans surprise, leur sondage prévoit la croissance des partis qu’ils financent. »
L’Afrique du Sud n’a jamais eu de coalition au niveau national en raison de la domination de l’ANC.
Le plus grand signal d’alarme est survenu lors des élections locales de 2021, lorsque l’ANC est tombé en dessous de 50 %.
S’il perd sa majorité, le parti devra former une coalition pour rester au gouvernement et conserver Ramaphosa à la présidence pour un deuxième et dernier mandat de cinq ans.
Les Sud-Africains votent pour un parti et non pour un candidat à la présidentielle lors d’élections générales. Les partis se voient ensuite attribuer des places au Parlement, qui compte 400 sièges, en fonction de leur part des voix, et les législateurs élisent le président.
Lors de ces élections, les Sud-Africains voteront également pour la composition des assemblées législatives provinciales des neuf provinces du pays.
Au 11 mars, environ 27,7 millions d’électeurs (27 736 074) se sont inscrits à la Commission électorale indépendante (CEI) d’Afrique du Sud.