Le Parlement sénégalais a soutenu lundi soir (5 février) le report des élections du 25 février et la prolongation du mandat du président Macky Sall, qui devait expirer le 2 avril.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe et divise depuis les Sénégalais.
« Comme des milliers de Sénégalais, je me sens frustré car on ne s’attendait pas à ce que Macky Sall retarde l’élection présidentielle. Il faut considérer cela comme un coup d’État constitutionnel », déclare Adama, un Dakarois.
Lamine, un autre habitant double : « J’étais déjà déçu, et ma déception n’a fait que grandir parce que Macky Sall nous a dit qu’il avait consacré la Constitution pour que personne ne puisse la changer quoi qu’il arrive. »
« Quand il a décidé de réduire son mandat à 5 ans, il s’est adressé au Conseil constitutionnel. Cette fois-ci, il s’est tourné vers le Parlement. Je pense qu’ils jouent avec nous, les Sénégalais. Macky Sall joue avec le peuple et c’est très grave. « .
Même si l’évolution semblait s’être produite ces dernières semaines, le choc a été dur à encaisser. Selon le docteur Mouhamed Alimou, spécialiste des sciences politiques, la décision du régime actuel est antidémocratique.
« Cette décision est le genre de pratique autoritaire que l’on ne voit que dans les régimes autoritaires. Je pense que nous avons longtemps vécu au Sénégal dans un refuge », dit-il.
« On a parlé de la démocratie exceptionnelle du Sénégal, on a parlé du Sénégal comme d’un modèle de stabilité, d’un pionnier du multipartisme, d’un pays où règne la liberté d’expression, de la presse. Ce modèle s’effondre depuis quelques temps. C’est ce à quoi nous sommes confrontés et nous devons réinventer ce modèle.
Le vote des parlementaires ouvre une phase d’incertitude. Tout le monde au Sénégal craint la réaction de l’opposition. La plupart des dirigeants de l’opposition ont appelé à une large mobilisation contre ce qu’ils appellent un abus de pouvoir.