A quelques jours de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, la question des cartes d’électeurs défectueuses inquiète autant les électeurs que les observateurs des élections.
À l’heure où la RDC est déjà affaiblie par les attaques de la rébellion du M23 et d’autres groupes armés, cette question risque d’ajouter une nouvelle couche au spectre d’une crise post-électorale.
Alors que le Congo se prépare à organiser des élections le 20 décembre, un nombre record de 6,9 millions de personnes sont déplacées dans ce vaste pays d’Afrique centrale, selon les Nations Unies. Dans l’est du pays, les combats entre l’armée et les rebelles du M23 ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes ces derniers mois et exacerbé la crise humanitaire.
Même si bon nombre de personnes déplacées n’ont même pas de carte d’électeur, la mauvaise qualité des cartes est un autre sujet de préoccupation : imprimées à l’encre thermique, elles deviennent rapidement illisibles. Neema Simba, un habitant de Goma, a déclaré que les cartes d’électeurs étaient autrefois de bien meilleure qualité. « Écoutez, c’est une carte ou juste un morceau de papier ? Mon nom n’est plus visible, mon visage est fané, regardez, c’est une carte, nous avions de bonnes cartes mais regardez celle-là, les autorités nous ont menti », a-t-elle déclaré.
Du côté des partis politiques, les cartes d’électeurs défectueuses incitent déjà certains candidats à utiliser des propos forts pour miner la crédibilité de cette élection.
Espoir Ngalukiye, candidat du parti Ensemble pour la République aux élections législatives de Goma, a déclaré que certains noms et visages ont déjà disparu et ne sont plus visibles sur les cartes électorales.
Mais les observateurs s’inquiètent également du résultat de ce scrutin.
L’analyste politique Alfred Wamona Brave a déclaré que les électeurs hésitent également à être sûrs de la crédibilité de l’élection, arguant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) était confrontée à « un certain nombre de défis » en plus des potentielles cartes d’identité défectueuses.
L’élection se heurte également à d’énormes obstacles logistiques. La semaine dernière, la commission électorale a déclaré à la présidence qu’elle avait besoin de toute urgence de quatre avions Antonov et de dix hélicoptères pour transporter le matériel électoral dans toutes les localités.
Même si certains observateurs doutent que l’élection puisse se dérouler correctement, la commission maintient que le calendrier sera respecté pour que les près de 44 millions d’électeurs inscrits au Congo puissent voter.
Les électeurs voteront pour les conseillers législatifs et municipaux nationaux et provinciaux ainsi que pour la présidence.