Le tribunal militaire de garnison de Beni a rendu son verdict lundi soir, après deux semaines d’un procès intense dans une affaire de collaboration avec les FDA. Ce procès marque un tournant dans la lutte contre le terrorisme dans l’est de la République démocratique du Congo.
Vingt-trois personnes ont été condamnées à des peines allant de cinq à vingt ans de servitude pénale. Elles ont été reconnues coupables de participation à un mouvement insurrectionnel, d’association de malfaiteurs, ainsi que de financement et de commission d’actes de terrorisme.
La société civile a salué cette décision, même si des recours restent possibles.
Le juge président du tribunal, le lieutenant-colonel Nyembo, a reconnu la sévérité des peines prononcées, « en application de l’article 7 du code pénal militaire ».
Ses propos ont souligné la gravité des accusations et la détermination de la justice militaire à envoyer un message clair.
Ces condamnations visent des individus dont l’implication dans les activités des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé affilié à l’État islamique, a été établie.
Qu’il s’agisse de participation directe aux attaques ou de soutien logistique et financier, le tribunal a clairement établi la distinction entre innocence et culpabilité. Les territoires de Beni, Lubero et Ituri, souvent la cible des violences des ADF, espèrent que ces jugements apporteront une lueur d’espoir et une sécurité accrue.
Une décision saluée par la société civile
Mais la procédure judiciaire est loin d’être terminée. Maître Paluku, avocat de la défense, a déjà annoncé le projet de ses clients de faire appel du verdict.
« Lorsque nous constatons une irrégularité, nous interjetons appel, d’autant plus que la loi prévoit deux degrés de juridiction. C’est notre droit », a-t-il déclaré à Africanews.
« Lorsque nous ne sommes pas satisfaits du résultat pour l’un de nos clients, nous renvoyons l’affaire devant une juridiction supérieure pour poursuivre la procédure. »
La peine la plus lourde – 20 ans de travaux forcés pour financement et actes de terrorisme – a été prononcée contre Judison Kasereka Katrisa. Cette décision trouve un profond écho auprès de la population locale, épuisée par des années d’insécurité.
Pépin Kavitha, président de la société civile de Beni, a exprimé la satisfaction de sa communauté. « Nous saluons cette condamnation », a-t-il déclaré.
« Nous souhaitons que toutes les personnes arrêtées soient ramenées à Beni pour y être jugées. Cela servira d’exemple pour les autres ici à Beni », a-t-il ajouté. Cet appel urgent souligne le besoin crucial d’une justice locale et d’un sens de l’exemplarité pour dissuader de nouveaux actes de violence.
Violences persistantes
Cette décision intervient dans un contexte de violences persistantes et d’escalade des attaques des ADF. Début septembre, la région a été secouée par une nouvelle tragédie : des rebelles ont tué une centaine de personnes à Ntoyo, au Nord-Kivu, ciblant des habitants rassemblés pour des funérailles.
Cet événement a rappelé la brutalité implacable des ADF et l’urgence d’une réponse judiciaire et sécuritaire vigoureuse.
Les provinces de l’est de la RDC, l’Ituri et le Nord-Kivu, sont devenues le théâtre d’une crise humanitaire et sécuritaire majeure, les populations vivant sous la menace constante de violences.
La sévérité et la portée du verdict du tribunal militaire de Beni marquent une étape importante dans la longue et difficile bataille pour la paix et la justice dans cette région tourmentée.
Il reste à voir si ces condamnations, au-delà de leur aspect punitif, contribueront réellement à freiner l’expansion des groupes armés et à restaurer la sécurité et la sérénité tant attendues par les populations locales.




