Dans l’est de la République démocratique du Congo, la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila a suscité de vives réactions.
La décision du tribunal militaire résonne particulièrement à Goma. La ville est sous le contrôle de l’alliance rebelle AFC/M23 depuis janvier.
Kabila était venu à Goma il y a quelques mois seulement pour rencontrer la population. Après l’annonce de sa condamnation à mort, l’inquiétude des habitants de Goma est palpable. Nombre d’entre eux craignent que la condamnation de Kabila n’entraîne davantage de violences et de divisions.
« Son arrestation pourrait aggraver la situation concernant la guerre. S’il collabore réellement avec le M23, ils seront furieux lorsqu’il sera arrêté », a déclaré à Africanews Alewis Sambuka, chauffeur de taxi-moto.
Certains, comme Amani Safari, un habitant de Goma, affirment également que la condamnation de Kabila « n’apportera pas la paix. [Les parties] devraient se réunir pour trouver une solution. »
L’ancien chef d’État a été jugé et condamné à mort pour de graves accusations, notamment de trahison, de crimes de guerre et de participation à un mouvement insurrectionnel.
Le M23 a immédiatement réagi à cette condamnation par un message clair. Le groupe rebelle s’y oppose fermement.
« La condamnation à mort prononcée contre le président Joseph Kabila en raison de ses liens présumés avec l’AFC/M23 est non seulement une démonstration de justice théâtrale, mais aussi une grave violation de la déclaration de principes [signée par Kinshasa et Kigali au Qatar en juillet] », a déclaré Lumumba Kambere, porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu du M23.
Aviver les divisions
L’onde de choc provoquée par cette condamnation pourrait aggraver le climat politique et sécuritaire déjà fragile dans l’est de la RDC.
Dans une région ravagée par des violences armées incessantes, des décisions perçues comme injustes ou arbitraires peuvent alimenter les divisions, selon l’analyste indépendant Hubert Masomeko.
« Je pense que la condamnation de Joseph Kabila aura un effet négatif sur l’unité nationale », a-t-il déclaré à Africanews.
« Toutes les parties prenantes, y compris la communauté internationale, ont appelé la RDC à créer les conditions d’un dialogue interne afin de promouvoir l’unité nationale face à la situation en RDC », a-t-il ajouté.
La condamnation de Kabila intervient également à la veille d’une rencontre diplomatique cruciale entre Kinshasa et Kigali, censée relancer des opérations vitales contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Mais sur le terrain, dans l’est du Congo, le scepticisme prévaut. Dans un pays déjà affaibli par des décennies de violence, nombreux sont ceux qui craignent que la République démocratique du Congo ne s’enfonce davantage dans une spirale dont elle peine à sortir.