Écrit par: Hakeem Alade Najimdeen
Traduit de l’arabe par: Sidi-M.OUEDRAOGO
La France et certain de ses alliés en Europe ont officiellement créé une nouvelle force militaire appelée « Takuba », composée de forces spéciales et des armées du Mali et du Niger, pour combattre les groupes armés dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest.
Certains rapports indiquaient en janvier 2020 que la France avait du mal à persuader certains alliés européens – comme l’Allemagne – de faire partie de la coalition militaire « Takuba ». Cependant, les représentants de 13 pays (France, Belgique, République tchèque, Danemark, Estonie, Allemagne, Mali, Pays-Bas le Niger, la Norvège, le Portugal, la Suède et le Royaume-Uni) ont fait une déclaration vendredi dernier (27 mars 2020) s’engageant à redoubler d’efforts pour surmonter la « résilience des groupes terroristes« .
Le mot « Takpuba » (Takpuba / Takuba / Takoba) signifie l’épée qui est bien connue dans la région de la côte ouest, en particulier entre les Touareg, les Hausa et les peuls.
La déclaration des treize États a mentionné que la force de « Takuba » aura « une capacité opérationnelle initiale d’ici l’été 2020 et devrait devenir opérationnelle au début de 2021 ». Elle portera un appui également aux armées régionales à affronter les groupes armés et complétera les efforts de l’opération française « Barkhan » et de la force régionale conjointe des cinq États du Sahel composée de forces du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger.
La France fait la promotion de la force « Takuba ».
En janvier dernier, lors d’une réunion à Pau dans le sud-ouest de la France avec le président français Emmanuel Macron, les chefs des cinq États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) ont exprimé leur volonté de lutter contre les « groupes terroristes » dans la région. Et ils ont convenu de se concentrer sur la zone frontalière tripartite sous le commandement conjoint de ces pays, en plus de l’opération « Barkhan« .
Et à l’issue de la rencontre de «Pau » les dirigeants qui y ont participé ont approuvé la création d’une nouvelle structure (sous le nom de » Takuba « ) qui vise à rassembler les forces des deux côtés (sahélien et français) sous un même commandement et en plus de faciliter les opérations conjointes et d’améliorer l’échange de renseignements.
Il est notoire que 4 500 soldats français sont présents au sahel et le président Macron s’est engagé après la réunion à envoyer 220 autres soldats français. Depuis des mois, la France tente de mobiliser un soutien pour la nouvelle force d’opérations spéciales « Takuba », qui aura pour mission l’appui, conseil, la formation des forces locales et l’accompagnement dans lutter contre les mouvements alliés de (Daesh) et « Al-Qaïda » dans la région.
La France espère également engager environ 500 membres des Forces Spéciales, dont 50 à 100 membres des Forces Spéciales Françaises pour former le noyau de » Takuba « . La déclaration européenne a également indiqué que la force « Takuba » opérerait dans la région de « Liptako » située entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali, qui est le fief des combattants associés à l’Etat Daesh.
Il faut noter que la force Takuba fera partie du pilier antiterroriste du «G5sahel » et constituerait un cadre de coordination plus large récemment annoncé à Pau », a déclaré le communiqué européen, faisant référence à la réunion tenue dans le sud de la ville française en janvier 2020 entre la France et le groupe des cinq États sahéliens.
La Suède a déployé plus de 200 de ses militaires dans des missions multinationales au Mali, notamment la « Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali » (MINUSMA) et la « Mission de formation de l’Union européenne au Mali ». En plus de cela, le ministère suédois des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué publié le 16 mars selon lequelle le gouvernement suédois prévoit d’envoyer jusqu’à 150 membres de ses forces spéciales et hélicoptères pour rejoindre l’opération « Takuba », car « le gouvernement a décidé de soumettre un projet de loi au Parlement (Riksdag) proposant la participation de la Suède aux opérations » Takuba » dirigées par la France. Et « La contribution suédoise consistera en une force de réaction rapide propulsée par hélicoptère avec un maximum de 150 personnes « .
La confirmation de la présence de forces françaises au sahel
Le président français Macron a profité de la réunion de « Pau » pour confirmer la présence de ses forces au Sahel. Au cours du sommet, il a demandé à ses homologues des pays du Sahel une position explicite et claire en approuvant leur volonté quant au maintien des forces françaises dans la région et la poursuite de la participation française, une tactique servant de réponse aux anti-france. En effet, le sentiment s’est intensifié contre ses forces dans certains pays africains dans un contexte de dégradation de la sécurité.
Il est à noter que la France – ancienne puissance coloniale qui dirigeait autrefois plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest – a déployé ses forces au Sahel en 2013 à travers l’opération « Serval » au Mali. Cette opération a chassé des assaillants de certaines villes du Mali, mais les groupes armés ont rapidement recouru à des formations plus sophistiquées opérant dans les zones rurales. La rébellion s’est progressivement étendue aux régions du centre et du sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger
En août 2014, l’opération Serval est devenue l’opération Barkhan, à laquelle des opérations «antiterroristes» ont été mandatées. Barkhan concentre ses opérations au Mali, au Niger et au Burkina Faso et travaille en collaboration avec les forces locales et d’autres opérations militaires internationales, notamment la Force régionale conjointe pour les États du Sahel (FCG5S) et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali .
L’opération « Serval » occupe une position internationale importante, les alliés européens de la France fournissant des troupes et du matériel. Le Royaume-Uni soutient l’opération avec trois Chinook, tandis que le Danemark a fourni deux hélicoptères Merlin et l’Estonie s’est engagée à doubler la taille de l’unité de la force de protection cette année
En février, Florence Barley, Ministre des Forces armées françaises, a indiqué que le nombre de forces françaises déployées au Sahel passerait de 4 500 à 5 100 en plus de la présence des Casques bleus des Nations Unies au Mali au nombre de 13 000 soldats.
En dépit des milliards de dollars que les Nations Unies, la France et les États-Unis ont injectés dans le Sahel pour « parvenir à la stabilité », la région a connu une recrudescence de la violence ces derniers mois, ce qui a alimenté le sentiment parmi la population que les forces étrangères profitent de l’insécurité de la région.
En janvier dernier, l’émissaire des Nations Unies en Afrique de l’Ouest a informé le Conseil de sécurité de l’ONU que les attaques de mouvements armés ont quintuplé au Burkina Faso, au Mali et au Niger depuis 2016. Plus de 4000 décès ont été signalés en 2019 et des millions de personnes déplacées depuis le début de la crise.
Depuis mai 2019, Daesh attribue les attaques des rebelles au sahel à l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), qui s’est séparé du groupe Boko Haram en 2016, au lieu de l’État islamique au Sahara. Les principales opérations d’ISIS en Afrique de l’Ouest sont concentrées dans le lac Tchad, au Nigeria, Niger, Tchad et au Cameroun.
Pour plus d’infos, voir :
Aljazeera.( 28 Mar 2020). France and allies establish new task force in Sahelhttps://www.aljazeera.com/news/2020/03/france-allies-establish-task-force-sahel-200328075257444.html
Fergus Kelly. (6 February 2020). Sweden plans contribution to France-led Task Force Takuba in Mali https://www.thedefensepost.com/2020/02/06/sweden-mali-takuba-barkhane-sahel/
EURACTIV. (14 January 2020). PARIS – Where are the ‘EU friends’ in Sahel?https://www.euractiv.com/section/all/short_news/paris-where-are-the-eu-friends-in-sahel/