La Russie a rouvert jeudi son ambassade au Burkina Faso, qu’elle avait fermée en 1992, poursuivant ainsi un rapprochement avec ce pays sahélien dirigé par un régime militaire depuis l’année dernière, et qui cherche à diversifier ses partenaires depuis sa rupture avec la France.
« Nous assistons aujourd’hui à la cérémonie de reprise des activités de l’ambassade de Russie à Ouagadougou », a déclaré l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire accrédité au Burkina Faso, Alexeï Saltykov, lors de la réouverture de la chancellerie jeudi en début d’après-midi.
Le diplomate russe qui résidait jusqu’ici à Abidjan mais qui s’est rendu régulièrement à Ouagadougou ces derniers mois, a ajouté qu’il dirigerait dans un premier temps la mission diplomatique au Burkina jusqu’à la nomination d’un ambassadeur par le président russe Vladimir Poutine.
Le Premier ministre burkinabè, Appolinaire Joachimson Kyélèm de Tambéla, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, d’autres membres du gouvernement et le chef d’état-major des armées du Burkina étaient présents lors de la cérémonie, a constaté un journaliste de l’AFP. .
L’ambassade du Burkina Faso en Russie a été rouverte en 2013, après avoir été fermée en 1996.
De son côté, le chef de la diplomatie burkinabè, Karamoko Jean-Marie Traoré, a assuré lors de la cérémonie que la fermeture de l’ambassade de Russie il y a 31 ans n’avait pas mis fin à la « coopération » entre les deux pays, qui comprend notamment « la formation de plusieurs de nos dirigeants ».
Alexeï Saltykov a ajouté que « la Russie continuera à aider le Burkina Faso pour la formation de spécialistes, de cadres nationaux, civils et militaires ».
En outre, « nous sommes déterminés à élargir la coopération dans les domaines » du commerce et de l’économie, a déclaré M. Saltykov.
« Nous espérons que les partenaires burkinabè élargiront progressivement les gammes de produits achetés en Russie, notamment des machines agricoles, des engrais minéraux, ainsi que des équipements pour l’industrie minière », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, « 25 000 tonnes de blé » représentant « l’aide humanitaire de la Russie » sont « en cours de transport vers le Burkina Faso », a indiqué M. Saltykov.
Vladimir Poutine a annoncé lors du sommet de Saint-Pétersbourg en juillet que Moscou livrerait gratuitement des céréales à six pays africains, dont le Burkina Faso, dans les mois à venir.
De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères s’est félicité jeudi du « développement » des relations avec le Burkina Faso.
La réouverture de l’ambassade de Russie permettra « d’accroître la coordination en matière de politique étrangère » et de consolider les « relations d’amitié et de coopération » unissant ces deux pays, écrit le ministère dans un communiqué.
Depuis le coup d’État qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, le Burkina Faso a rompu ses relations avec la France et cherche à diversifier ses partenaires.
Ouagadougou a notamment obtenu le départ des troupes françaises de son sol en début d’année, avant de se rapprocher de la Russie.
Un accord a été signé mi-octobre entre les deux pays pour la construction d’une centrale nucléaire russe au Burkina, où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité.
Début septembre, une délégation russe conduite par le vice-ministre de la Défense, Younous-Bek Evkourov, s’est rendue à Ouagadougou pour discuter des questions de développement et de coopération militaire avec Ibrahim Traoré.
Le président de transition du Burkina a ajouté plus tard que la plupart des équipements de l’armée burkinabè étaient russes.
« Cette réouverture » de l’ambassade de Russie « parachève un processus de rapprochement », a déclaré Karamoko Jean-Marie Traoré.
Quelques semaines après le dernier coup d’État, le Burkina a accordé le permis d’exploitation d’une nouvelle mine d’or à la société russe Nordgold, qui exploitait déjà trois gisements dans le nord du pays.
Le Burkina, où l’or constitue la principale ressource minière, est confronté depuis plusieurs années à des violences jihadistes meurtrières et récurrentes sur une grande partie de son territoire, qui ont fait plus de 17 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
Ouagadougou s’est également rapprochée du Mali et du Niger – deux pays dirigés par des régimes militaires et liés au Burkina à travers l’Alliance des États du Sahel (AES) – une coopération de défense – qui entretient également des relations avec Moscou.