Dani Rukara fait partie des quelque sept millions de Congolais déplacés dans le deuxième plus grand pays d’Afrique.
Selon les Nations Unies, il s’agit du nombre le plus élevé jamais enregistré dans le pays.
Si la campagne pour les élections générales bat son plein dans d’autres régions de la République démocratique du Congo, dans ce camp de Kanyaruchinya, dans la province du Nord-Kivu, des pancartes rappellent les élections générales du 20 décembre.
Les camps de personnes déplacées près de la ville de Goma témoignent de la lutte de Félix Tshisekedi pour résoudre l’insécurité.
« Au cours des cinq dernières années, le président a fait beaucoup de promesses. Certaines d’entre elles ont été tenues, mais d’autres ne l’ont pas été », dit Rukara.
« Maintenant, nous espérons que le nouveau président élu saura mettre un terme à cette guerre qui devient insupportable, car notre souhait est de retourner dans nos villages. »
L’homme a fui son domicile de Rutsuchuru, à environ 60 km au nord de Kanyaruchinya, où sont actifs les rebelles du M23. Le vote n’aura pas lieu là-bas ni dans le territoire de Masisi.
Droit de vote
Le président Félix Tshisekedi, 60 ans, candidat à sa réélection, a promis de lutter contre l’insécurité généralisée.
« Tant que je n’aurai pas résolu le problème de la sécurité, je n’aurai pas réussi mon mandat », avait-il déclaré lors d’une visite dans l’Est en 2021.
Mais après cinq années au pouvoir, la situation dans l’est de la RDC n’a fait qu’empirer.
Des milliers de civils ont été tués et des dizaines de milliers de femmes ont été violées, selon les chiffres d’organismes de recherche et d’organisations humanitaires.
Cette privation forcée du droit de vote est douloureuse pour Deogracias Ntamuhanga.
« Je dois voter parce que j’en ai le droit. Et je dois voter pour quelqu’un qui le mérite. Parce que lors d’autres élections, nous avons élu des gens qui ne le méritaient pas, et aujourd’hui nous souffrons d’un manque de de sécurité. »
Espérance Nyiraneza se résigne : « Je suis en colère parce que je ne pourrai pas voter, mais j’aimerais que Tshisekedi, qui est là, puisse rester, parce que c’est grâce à lui qu’on est là, sinon le Le M23 serait déjà là. Et si ce n’est pas lui, celui qui sera élu devrait combattre le M23 et les forcer à quitter nos villages pour que nous puissions y revenir, car ici nous n’arrivons à rien. »
L’inflation galopante nuit également à sa popularité dans la région.
Une grande partie de l’est de la RDC est la proie de groupes armés, héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990 et 2000.
L’un d’eux, le M23, s’est emparé de pans entiers du territoire depuis fin 2021, chassant plus d’un million de personnes de leurs foyers.
La RDC, plusieurs pays dont les États-Unis et des experts indépendants des Nations Unies accusent le Rwanda de soutenir le M23, une affirmation démentie par Kigali.
Les candidats à la présidentielle ont pris la campagne électorale dans l’est de la RDC, s’engageant à apporter la paix dans la région.
Selon Médecins sans frontières, des dizaines de milliers de familles fuient toujours les violences au Nord-Kivu.