L’armée malienne a repris la ville stratégique de Kidal, au nord du pays, un bastion des groupes séparatistes dominés par les Touaregs qui pose depuis longtemps un problème majeur de souveraineté pour la junte au pouvoir.
La prise de Kidal est un succès symbolique important pour les chefs militaires maliens, qui ont pris le pouvoir en 2020.
La violence s’est intensifiée dans le nord du Mali depuis août, où les militaires, les rebelles et les djihadistes se disputent le contrôle alors que la mission de stabilisation de l’ONU, la MINUSMA, se retire du pays et évacue ses camps, déclenchant une course à la conquête du territoire.
« Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a déclaré le chef de la junte, le colonel Assimi Goita, dans une déclaration lue par un présentateur lors d’un flash d’information spécial à la télévision d’Etat.
« Les (Forces armées maliennes) ont pris position ce mardi dans la ville de Kidal », avait indiqué plus tôt l’état-major dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
La nouvelle a été accueillie par des célébrations dans la capitale Bamako, et l’AFP a vu des dizaines de personnes rassemblées sur la place de l’Indépendance agitant des drapeaux maliens.
Le gouvernement du Burkina Faso voisin a également salué cette nouvelle, la qualifiant de moment « charnière » dans la lutte contre les groupes armés dans la région du Sahel.
Les rebelles ont également publié un communiqué reconnaissant qu’ils avaient perdu leur ville-forte, mais promettant de continuer les combats.
Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes armés majoritairement touareg, a indiqué s’être retiré de Kidal « pour des raisons stratégiques » après avoir « arrêté pendant plusieurs jours l’avancée (de l’armée) en lui infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles ».
« Le combat continue », a insisté le groupe.
L’armée et l’État sont depuis des années quasiment absents de la ville de Kidal, contrôlée par des groupes armés majoritairement touareg.
Mais la junte avait depuis longtemps manifesté sa détermination à la reprendre.
Défaites humiliantes
Les autorités n’ont diffusé aucune image suite à la reconquête de Kidal, centre historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie.
Deux officiers ont déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat que les rebelles avaient quitté la ville lorsque les soldats sont entrés.
Un autre officier a déclaré que l’armée contrôlait la piste d’atterrissage et un camp récemment évacué par les casques bleus de l’ONU.
La collecte et la vérification des informations sont compliquées par l’impossibilité d’accéder au terrain.
Vendredi, les rebelles séparatistes ont vu le réseau téléphonique coupé alors que l’armée avançait vers la ville.
L’insubordination de la région de Kidal, où l’armée a subi des défaites humiliantes entre 2012 et 2014, a été une source d’irritation pour le gouvernement de la capitale, Bamako.
Les dirigeants militaires actuels du Mali ont fait de la restauration de la souveraineté territoriale leur mantra.
L’État avait jusqu’à présent à peine repris pied à Kidal depuis mai 2014, lorsque ses forces armées en ont été chassées après qu’une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, ait conduit à des affrontements avec les rebelles.
Les combats ont fait de nombreux morts parmi les soldats.
Plus récemment, alors que l’armée avançait vers Kidal, une grande partie des dizaines de milliers d’habitants de la ville ont fui, selon les réseaux sociaux.
L’armée a appelé au calme. Il a déclaré avoir pris des mesures pour assurer la sécurité de la population, demandant que les soldats soient obéis.
Retrait de l’ONU
Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre dans le village d’Anefis, à 110 kilomètres au sud de Kidal, s’est élancée le week-end dernier dans sa direction.
Soutenue par des moyens aériens, elle rencontre des combats sur son chemin.
Le chef de la junte a évoqué de « lourdes pertes » infligées à l’ennemi.
« Notre mission n’est pas terminée. Je vous rappelle qu’elle consiste à récupérer et sécuriser l’intégrité du territoire », a-t-il déclaré.
Les rebelles ne veulent pas que les soldats de maintien de la paix de l’ONU rendent leurs camps à l’armée malienne, affirmant que cela contrevient au cessez-le-feu précédemment convenu et aux accords de paix conclus avec le gouvernement.
Lorsque la MINUSMA a quitté son camp de Kidal le 31 octobre, les rebelles en ont immédiatement pris le contrôle.
Depuis juillet, la mission de l’ONU a retiré près de 6 000 personnels civils et en uniforme, après que la junte au pouvoir a exigé que la mission quitte le Mali.
La date limite de retrait, fixée par le Conseil de sécurité de l’ONU, est le 31 décembre.