Les procureurs enquêtant sur les crimes de guerre tenteront à partir de mardi de convaincre les juges de la Cour pénale internationale (CPI) de traduire en justice un ancien chef de milice centrafricaine qu’ils accusent d’attaques contre des civils musulmans.
Maxime Mokom, 44 ans, était le chef des milices d’autodéfense autoproclamées anti-balaka, composées majoritairement de combattants chrétiens et animistes, créées en 2013 en réaction à la prise de Bangui par la Séléka, une coalition de groupes armés principalement constituée composé de musulmans opposés à l’ancien président François Bozizé.
Il fait face à 20 chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour des atrocités commises en 2013 et 2014, notamment des attaques contre des civils, des meurtres, des viols, des pillages et des attaques contre des mosquées.
Les procureurs vont maintenant chercher, au cours d’une audience clé de trois jours à la CPI, qui siège à La Haye, à convaincre les juges que les preuves sont suffisamment solides pour renvoyer M. Mokom au banc des accusés. Les juges décideront ensuite si M. Mokom doit être jugé.
Les procureurs ont indiqué que M. Mokom, coordinateur national des « anti-Balaka » selon eux, avait apporté « un soutien logistique aux opérations militaires (…) notamment en fournissant des fonds, des armes, des médicaments et des munitions ».
M. Mokom, selon les procureurs, a dirigé la planification et la coordination des attaques contre la capitale Bangui et la ville de Bossangoa (nord-ouest) fin 2013. Les attaques ont forcé des milliers de civils musulmans à fuir la capitale et à traverser la frontière avec les pays voisins. Cameroun et Tchad.
« Beaucoup ont marché pendant des semaines (…) tout en étant pourchassés », ont indiqué les procureurs. « D’autres ont été déplacés vers des enclaves, où ils ont ensuite été confinés », ont-ils ajouté.
Les attaques « généralisées et systématiques » contre des civils musulmans par les milices anti-balaka se sont poursuivies même après le retrait des forces de la Séléka de Bangui jusqu’en décembre 2014 au moins, ont-ils affirmé. « Le message adressé à la population musulmane était clair : quittez la RCA ou mourez », ont déclaré les procureurs.
Les violences en Centrafrique commises par la Séléka et les anti-balaka – signifiant « anti-machette » – auraient fait des milliers de morts et plus de cent mille déplacés, selon la CPI. L’année dernière, les autorités tchadiennes ont remis M. Mokom à la CPI, qui avait émis un mandat d’arrêt contre lui en 2018.
Deux anciens chefs de guerre anti-balaka, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom, sont déjà jugés par la CPI. L’année dernière, le commandant de la Séléka, Mahamat Said Abdel Kani, a nié les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devant le tribunal, créé en 2002 pour juger les pires crimes commis au monde.