Les partisans du président gabonais Ali Bongo estiment que leur candidat « est le choix de la raison » alors qu’il a lancé vendredi sa campagne électorale dans la commune d’Owendo. Le dirigeant gabonais, favori pour remporter un troisième mandat, affrontera 18 autres candidats lors de l’élection présidentielle du mois prochain.
Célestin Mba Ndong, l’un des participants au rassemblement d’Owendo, décrit Bongo comme « le choix de la raison ». « Déjà, à travers son discours, on comprend parfaitement qu’il est le vrai président, il a un message fort, il a dit cela, il entend poursuivre des actions fortes. » dit Ndong.
La famille de Bongo a dirigé cet État ouest-africain riche en pétrole pendant 55 ans. L’homme de 64 ans, qui a succédé à son père Omar Bongo Ondimba en 2009, a officiellement annoncé en juillet qu’il se représenterait à la présidentielle. Le Centre électoral gabonais a validé 19 des 27 dossiers de candidature reçus, soit cinq de plus qu’en 2016.
Ce n’est pas un problème pour l’un de ses partisans, Gabin Mombo, militant et informaticien. « J’ai l’impression que pour cette année il y a même un plagiat de notre programme social, et aujourd’hui vous l’avez vu, des PDGistes convaincus (Parti démocratique gabonais, PDG) comme moi sont venus apporter un soutien massif à leurs choix inébranlables, notamment au président Ali Bongo Ondimba. »
Les principaux rivaux de Bongo pour le poste le plus élevé sont Alexandre Barro Chambrier du parti d’opposition Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) et la chef de l’Union nationale Paulette Missambo.
L’opposition n’a pas réussi à s’entendre sur un seul candidat pour défier Bongo lors du scrutin du 26 août, mais les deux candidats sont d’anciens ministres et font partie de la coalition Alternance 2023.
Le 23 juillet, un rassemblement du parti de Chambrier dans la ville orientale de Franceville a été perturbé par un « groupe non identifié » qui a attaqué des militants, faisant plusieurs blessés légers, a déclaré à l’AFP Eddy Minang, le procureur de la ville.
Dans un communiqué publié lundi, le RPM a qualifié les assaillants d' »émeutiers à la solde du gouvernement ».
- Modifications du code électoral
En avril, le parlement gabonais a voté pour amender la constitution et réduire le mandat du président de sept à cinq ans.
Des sections de l’opposition ont critiqué les changements, en particulier la fin des deux tours de scrutin qu’elles voient comme un moyen de « faciliter la réélection » de Bongo.
A moins de cinq semaines des élections, Alternance 2023 a dénoncé des modifications du code électoral.
Celles-ci incluent notamment une décision d’autoriser un maximum de trois observateurs dans chaque bureau de vote – un pour la majorité au pouvoir, un pour l’opposition et un pour tous les candidats indépendants.
Auparavant, chaque candidat pouvait désigner un observateur pour chaque bureau de vote.
« La revendication de la parité entre la majorité et l’opposition est une ruse. Elle favorise les partis d’opposition supposés sans candidats ou très peu », a déclaré vendredi François Ndong Obiang, chef du parti Reagir, lors d’une réunion des partis membres d’Alternance vendredi.
Le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze avait exhorté la semaine dernière l’opposition à ne pas « jeter de l’huile sur le feu ».
« Afin de tenir une élection sereine, les personnes impliquées doivent veiller à ne pas jeter de l’huile sur le feu », a-t-il posté sur Twitter.
Le puissant Parti démocratique gabonais (PDG) de Bongo détient de fortes majorités dans les deux chambres du parlement.
- Apte à diriger la nation?
Le président a été réélu de justesse en 2016, avec seulement 5 500 voix de plus que son rival Jean Ping qui a affirmé que l’élection avait été truquée.
L’annonce des résultats a déclenché des violences dans la capitale Libreville qui ont fait cinq morts, selon le gouvernement. L’opposition affirme que 30 personnes ont été abattues par les forces de sécurité.
Bongo a subi un accident vasculaire cérébral en 2018 et a passé des mois sur la touche à se rétablir, laissant l’opposition remettre en question son aptitude à diriger le pays.
Il a toujours un bras et une jambe raides et des difficultés de mobilité, mais ces derniers mois, il a tenu des « réunions républicaines » dans tout le pays et effectué des visites officielles à l’étranger, y compris pour des sommets.
Le scrutin présidentiel coïncidera avec les élections à l’Assemblée nationale et aux conseils régionaux et locaux.
Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique en termes de PIB par habitant, en grande partie grâce à ses revenus pétroliers et à sa population relativement petite de 2,3 millions d’habitants.
Un tiers de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.