En tant que seul pays du G5 Sahel, avec la Mauritanie, non gouverné par un régime militaire, le Niger a été quelque peu isolé.
Ajoutez à cela un cocktail d’insécurité et de corruption et ce n’était qu’une question de temps, estime l’analyste Garba Moussa.
« Depuis février, il y a eu des allusions à un coup d’État, mais nous ne savions pas d’où cela viendrait », explique-t-il.
« Aujourd’hui, nous avons vu que c’était de l’intérieur de la garde présidentielle. Des éléments mutinés ont arrêté le président.
« Donc, pour les autres unités, comme la garde nationale et les forces spéciales, c’est ce qu’ils attendaient pour prendre le pouvoir. »
Une autre cause probable, selon Moussa, est la pression exercée sur Niamey, la capitale, plus vulnérable aux attaques jihadistes.
« Des 3 pays, le Mali et le Niger, notre capitale est beaucoup plus proche des zones d’insécurité comme la région de Tilabéri et d’autres.
« En conséquence, il y a une pression de la population ou des réfugiés à Niamey.
« Nous avons aussi des proches qui sont obligés de quitter leurs zones habituelles de résidence vers des zones où ils n’ont ni logement, ni pouvoir économique, ce qui entraîne une lassitude dans la population en général ».
Après le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, certains pensent que le putsch est le symptôme d’un recul de la démocratie. Mais Moussa suggère que ce n’est peut-être pas le cas, compte tenu de la corruption et de la mauvaise gouvernance dénoncées depuis des années.
Les jeunes et les zones rurales en paient le prix, dit-il.
« D’un côté, il y a les jeunes qui n’ont pas d’emploi et sans espoir. De l’autre, il y a le Niger rural, qui est obligé d’aller mendier dans la sous-région.
« Donc, au total, il y a simplement une sorte d’élite qui a monopolisé le pouvoir économique sans penser à redistribuer les revenus.
« Donc, à mon avis, tout changement à un moment donné nous donnera de l’espoir. »