Les autorités suisses ont annoncé lundi avoir inculpé un ancien responsable du Crédit Suisse – désormais intégré au géant bancaire suisse UBS – pour blanchiment d’argent présumé dans une affaire impliquant des entreprises publiques mozambicaines. Elles reprochent à la banque de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour empêcher ces agissements.
Le Crédit Suisse, qui a fusionné avec UBS il y a deux ans, aurait accordé des prêts totalisant plus de 2 milliards de dollars à trois entreprises publiques mozambicaines en 2013. Trois ans plus tard, ces opérations ont donné lieu au « scandale de la dette du Mozambique », a indiqué le ministère public suisse, précisant avoir ouvert une enquête en 2020.
L’acte d’accusation, rendu public le 25 novembre, porte sur le transfert, en 2013, de près de 7,9 millions de dollars du ministère de l’Économie et des Finances du Mozambique vers un compte du Crédit Suisse en Suisse. La majeure partie des fonds a ensuite été transférée vers des comptes aux Émirats arabes unis, a ajouté le ministère public.
Selon l’acte d’accusation, le responsable de la conformité de Credit Suisse avait connaissance de nombreux indices laissant penser que les fonds provenant du Mozambique « pouvaient être d’origine criminelle », mais a recommandé aux hauts responsables de la banque de ne pas signaler l’affaire au Bureau suisse de déclaration des opérations de lutte contre le blanchiment d’argent (MROS) et de simplement « mettre fin » à la relation commerciale.
Credit Suisse n’a signalé l’affaire au MROS qu’en 2019, après que le département de la Justice américain a annoncé des poursuites pénales concernant les prêts au Mozambique.
Le bureau du procureur général a allégué que la négligence du responsable de la conformité, dont le nom n’a pas été divulgué, a permis le blanchiment des fonds et a affirmé que Credit Suisse n’avait pas pris les mesures « nécessaires et raisonnables » pour l’empêcher.
UBS a été mise en examen pour « responsabilité pénale », a indiqué le bureau du procureur général.
Dans un courriel, UBS a déclaré : « Nous rejetons fermement les conclusions du bureau du procureur général et défendrons vigoureusement notre position.»
Le bureau du procureur général a indiqué qu’il menait des poursuites pénales contre deux autres personnes dans le cadre de cette affaire au Mozambique.
Ce fut l’un des nombreux problèmes rencontrés par le Crédit Suisse qui ont conduit les autorités suisses et UBS à organiser la fusion, prévue en 2023, des deux plus grandes banques internationales suisses.
UBS a déjà réglé d’autres problèmes rencontrés par son ancien rival, aujourd’hui disparu, notamment en payant des amendes liées aux liens du Crédit Suisse avec le fonds spéculatif Archegos Capital Management, qui a fait faillite il y a deux ans.




