Réunis à Alger dimanche, les dirigeants africains ont appelé à la reconnaissance formelle, à la criminalisation et à la réparation des crimes de l’époque coloniale, dans le cadre d’un processus de réparation soutenu par l’Union africaine.
La résolution de l’UA, adoptée lors d’un sommet en mai, vise à définir la colonisation comme un crime contre l’humanité. Le droit international actuel n’interdit pas explicitement cette pratique.
Les participants ont souligné les dommages économiques considérables causés par la colonisation en Afrique, les puissances européennes ayant pillé les ressources naturelles du continent, telles que l’or, les diamants et le caoutchouc, plongeant les populations dans la pauvreté. Le coût économique du colonialisme en Afrique est estimé à des sommes colossales, certaines estimations chiffrant le coût du pillage en milliers de milliards d’euros.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déclaré que l’organisation de cette réunion dans son pays revêtait un caractère symbolique, compte tenu de l’expérience de l’Algérie sous domination française. Un cadre juridique, a-t-il ajouté, garantirait que la restitution ne soit perçue « ni comme un cadeau ni comme une faveur ». Près d’un million de colons européens bénéficiaient de privilèges politiques et économiques supérieurs à ceux des Algériens, alors même que l’Algérie faisait juridiquement partie de la France. Des centaines de milliers d’Algériens ont péri durant la guerre d’indépendance. Les forces françaises ont torturé et fait disparaître des personnes, et ont dévasté des villages dans le cadre d’une stratégie de contre-insurrection.
« Notre continent conserve l’exemple du terrible calvaire de l’Algérie comme un modèle rare, presque sans équivalent dans l’histoire, par sa nature, sa logique et ses pratiques », a déclaré Attaf.
En 2017, le président français Emmanuel Macron a qualifié certains aspects de l’histoire coloniale française de crime contre l’humanité, sans toutefois présenter d’excuses officielles. Il a exhorté les Algériens à ne pas s’attarder sur les injustices passées.
La demande de réparations est liée aux initiatives des États africains visant à obtenir la restitution des objets pillés dans les musées européens. De nombreux objets algériens importants, tels que le canon Baba Merzoug du XVIe siècle, sont toujours conservés en France.




