Le Parlement tchadien a approuvé à une écrasante majorité un amendement constitutionnel supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cette mesure, dénoncée par ses détracteurs comme une manœuvre visant à consolider le pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno, est controversée. Cette décision, adoptée vendredi, ouvre la voie à un maintien potentiel de Déby au pouvoir pendant des décennies.
L’amendement, présenté par le Mouvement patriotique du salut (MPS) de Déby, a été approuvé par 236 des 257 députés.
Le vote a été boycotté par certains membres de l’opposition, le Rassemblement national des démocrates tchadiens ayant quitté la salle en signe de protestation.
Le chef de l’opposition, Albert Pahimi Padacké, avait auparavant qualifié ce changement d’« inconstitutionnel et autoritaire », témoignant d’un creusement des divisions politiques.
De nouvelles règles pour un pouvoir étendu
Cette réforme remodèle fondamentalement le paysage politique tchadien. Elle remplace le précédent mandat de cinq ans, renouvelable une fois, par un mandat de sept ans sans limite de réélection.
Les nouvelles règles entreront en vigueur lors de la prochaine élection présidentielle, mais leurs opposants affirment qu’elles accordent de fait à Déby deux années supplémentaires au pouvoir immédiatement.
Les changements prolongent également les mandats parlementaires et rétablissent l’immunité des fonctionnaires.
Un paysage politique fracturé
Cet amendement consolide le pouvoir de Déby, qui a pris la tête de la transition en 2021 après le décès de son père et a remporté une élection contestée en mai 2024.
Le principal parti d’opposition, les Transformateurs, avait déjà qualifié les récentes élections d’« échec retentissant ».
Son chef, Succes Masra, un critique éminent, a été condamné à 20 ans de prison en août, une condamnation que son avocat a qualifiée de manipulation du système judiciaire.