Le procès très médiatisé du vice-président sud-soudanais suspendu, Riek Machar, suscite de nouvelles inquiétudes quant à la paix et à la stabilité du pays. Machar a comparu cette semaine devant le tribunal de Juba, incarcéré aux côtés de sept coaccusés, accusés de trahison, crimes contre l’humanité, terrorisme et complot. Il n’avait pas été vu en public depuis son assignation à résidence en mars, suite à des allégations d’implication dans une attaque contre les troupes gouvernementales.
Le président Salva Kiir a suspendu Machar au début du mois, une mesure qui menace de compromettre le fragile accord de paix de 2018 entre les deux dirigeants. Les avocats de la défense affirment que poursuivre Machar compromet l’accord qui a mis fin à des années de guerre civile et qui constitue toujours le fondement du gouvernement de transition du Soudan du Sud.
Edmund Yakani, directeur exécutif de l’organisation Community Empowerment for Progress (CEPO) : « Il s’agit d’un contexte de lutte de pouvoir entre les élites politiques. Mais cette lutte a également pris une dimension ethnique. Comme on peut le constater, les huit accusés sont issus d’un même groupe ethnique. Cet accord de paix contient donc les faits et la vérité sur ce qui est nécessaire à la transition politique du Soudan du Sud, de la violence à la paix. À l’heure actuelle, l’accord de paix est devenu très important pour les citoyens sud-soudanais. Les gens le lisent. On constate à quel point il a gagné en pertinence. Le procès est la diffusion de l’accord de paix, ce qui nous a manqué dès le premier jour. »
Les observateurs affirment que cette affaire reflète des rivalités plus profondes, les tensions prenant une dimension ethnique. Les groupes de défense des droits humains avertissent que la procédure risque d’alimenter la méfiance à un moment où les citoyens considèrent l’accord de paix comme une feuille de route pour sortir de la violence. Le procès a été ajourné à lundi.