Au poste-frontière de la Grande Barrière, entre Goma en République démocratique du Congo et Rubavu au Rwanda, les mouvements sont constants.
Une foule s’étend des deux côtés. Des files interminables. Femmes, hommes, enfants… tous attendent. Valises, colis, marchandises. Ces flux ne devraient pas ralentir.
L’administration AFC/M23 a prolongé les horaires de passage à la Grande Barrière. Sous l’autorité de Kinshasa, la frontière était ouverte de 6 h à 15 h. Elle est désormais ouverte de 6 h à minuit.
Cette mesure est censée bénéficier aux petits commerçants transfrontaliers, essentiels à l’économie locale des deux pays, comme Kévin Amani. Il a qualifié ces nouveaux horaires de « bonne nouvelle ».
« La pression liée à la fermeture à 15 h ne sera plus ressentie », a-t-il déclaré.
Cette décision, annoncée la semaine dernière par l’administration de l’AFC/M23, est justifiée par un afflux migratoire que les rebelles affirment vouloir faciliter.
« Les déplacements ont augmenté, c’est pourquoi nous avons également prolongé les horaires. Nous sommes venus pour la population, nous devons l’aider, c’est comme ça », a déclaré à Africanews Julien Katembo, maire de Goma (AFC/M23).
« Nous ne pouvons pas arrêter les déplacements de plus de deux millions de personnes ici à Goma, non, c’est impossible, en raison du principe de bon voisinage qui guide le comportement des États. Nous sommes des voisins éternels du Rwanda », a-t-il ajouté.
La RDC accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, qui contrôlent Goma depuis janvier. Kigali continue de nier ces faits.
La société civile locale a salué la prolongation des horaires, mais s’attend à ce que Kinshasa renforce ses accusations contre Kigali.
« Sur le plan économique, cette collaboration entre les populations congolaise et rwandaise est bénéfique pour les deux parties. Mais sur le plan diplomatique, il faut s’attendre à ce que Kinshasa intensifie encore ses accusations », a déclaré Gueul Mamulaka, leader de la société civile.
Depuis la prise de contrôle de la ville par les rebelles en janvier, l’aéroport international de Goma est resté fermé.
Pour de nombreux voyageurs, locaux et internationaux, la seule alternative reste le transit par le Rwanda. Cette situation renforce le caractère central de cette frontière, déjà classée parmi les plus fréquentées au monde.