La recrudescence des attaques de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria a une fois de plus alarmé la région. Depuis le début de l’année, les extrémistes islamistes ont mené de nombreuses incursions dans des bases militaires, saboté des routes et pris pour cible des communautés civiles.
Malgré les discours de victoire des forces armées, la situation reste difficile à contenir, ravivant les craintes d’un retour à l’insécurité des années passées.
Depuis son apparition en 2009, Boko Haram lutte contre l’éducation occidentale et cherche à imposer une version radicale de la loi islamique. Ce conflit, le plus long d’Afrique, a fait environ 35 000 morts parmi les civils et déplacé plus de deux millions de personnes, selon l’ONU. La dernière attaque, la semaine dernière dans le village de Gajibo, dans l’État de Borno, a tué neuf membres d’une milice locale soutenant l’armée, soulignant l’intensité croissante des combats.
Une fragmentation du groupe terroriste
Boko Haram s’est scindé en deux factions principales. La première, soutenue par l’État islamique, est la Province d’Afrique de l’Ouest (ISWAP). Elle a remporté plusieurs victoires militaires cette année, tuant des soldats et s’emparant d’armes lors d’attaques ciblées contre des positions militaires, notamment des opérations nocturnes souvent menées avec des drones modifiés.
La seconde, Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad (JAS), mène des attaques moins ciblées, ciblant à la fois les civils et les collaborateurs présumés, notamment par des enlèvements contre rançon.
Selon les experts, les capacités de l’ISWAP, renforcées par des stratégies décentralisées et soutenues par des alliances extérieures, lui permettent de lancer des attaques simultanées sur plusieurs fronts. Ces tactiques sophistiquées, combinées à un afflux de ressources externes, augmentent considérablement le niveau de menace.
Une armée en sous-effectif et vulnérable
Les bases militaires de la région souffrent d’un manque chronique de personnel et de ressources. Souvent situées dans des zones reculées, elles sont facilement ciblées. Lors des récentes attaques, des soldats en infériorité numérique ont été contraints de battre en retraite, laissant les insurgés s’emparer d’armes et de matériel lourd. La lenteur des renforts, notamment sous forme d’appui aérien ou de troupes supplémentaires, fragilise encore davantage la position des forces régulières, qui peinent à faire face à une menace de plus en plus structurée.
Des vétérans et des travailleurs locaux témoignent également de la présence persistante d’anciens militants, toujours actifs sous couvert de repentir, alimentant un réseau de soutien logistique aux insurgés.
Une enclume sur le passé
À son apogée en 2013-2014, Boko Haram contrôlait une zone grande comme la Belgique, enlevant plus de 270 jeunes filles à Chibok. Bien que largement affaibli, le groupe regagne progressivement du terrain, faisant craindre un retour à un chaos similaire dans la région. Le gouverneur de Borno, Babagana Zulum, met en garde contre ces revers, dénonçant les dissolutions fréquentes d’unités militaires sans coordination suffisante.
Face à cette situation critique, les dirigeants militaires et politiques appellent au renforcement des capacités des forces de défense. Sur le terrain, les hauts commandants promettent un déploiement accru pour faire face à la menace croissante. La lutte contre Boko Haram reste donc une course contre la montre, la violence continuant de marquer le quotidien de cette région en proie aux conflits.