Le 5 janvier 2025, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé la formation de son équipe dédiée aux affaires africaines, une équipe qui pourrait marquer un tournant important dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique.
Parmi les décisions prises, l’une des plus remarquées est la nomination probable de Peter Pham en tant que secrétaire adjoint des affaires africaines. Pham, un érudit expérimenté de l’Afrique, a déjà joué un rôle clé sous la première administration de Trump, en tant qu’envoyé spécial pour les Grands Lacs puis pour le Sahel.
Dans un article d’opinion publié en novembre 2024, Pham a clarifié que Trump cherchait à établir une politique de réciprocité avec les pays africains, dépassant le simple commerce.
En particulier, Pham a exprimé des préoccupations quant à l’approche de l’administration Biden envers l’Afrique du Sud, soulignant que malgré les avantages commerciaux dont bénéficiait le pays grâce à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), celui-ci continuait de développer des relations avec des puissances comme la Russie, la Chine et l’Iran. Pour Pham, la position de l’Afrique du Sud sur la scène internationale, y compris son rôle dans les poursuites contre Israël, a constitué un point de friction avec les États-Unis.
Cette désapprobation a été partagée par plusieurs membres de l’équipe de sécurité nationale de Trump, notamment le sénateur Marco Rubio, l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz, et la diplomate Elise Stefanik.
L’un des aspects les plus inquiétants de cette dynamique concerne le renforcement des relations de l’Afrique du Sud avec des pays contestataires comme Moscou et Pékin, un facteur potentiellement perturbateur pour les relations entre les deux pays.
En revanche, l’influence croissante de la Chine sur le continent africain, notamment à travers ses investissements dans les minéraux stratégiques essentiels à la transition énergétique mondiale, soulève d’importantes questions.
Pham a exprimé une incertitude croissante quant à la façon dont l’administration Trump pourrait répondre à la compétition croissante de pays révisionnistes comme la Chine, la Russie et l’Iran, notamment en Afrique subsaharienne, un terrain d’influence où ces puissances cherchent à accroître leur emprise. La politique de Trump pourrait être axée sur une plus grande isolation, mais ses décisions seront influencées par la nécessité de contrer cette concurrence.
La guerre en Ukraine et l’alignement de certains pays africains avec la Russie présentent un défi majeur pour la politique étrangère américaine. Les alliances traditionnelles des États-Unis en Afrique seront mises à l’épreuve, avec des ramifications pour des relations comme celles avec l’Égypte et l’Algérie, dont les politiques récentes en matière de sécurité et de relations internationales ne s’alignent pas toujours avec les objectifs stratégiques des États-Unis.
Pour ce qui est de l’économie, Trump prévoit de continuer à privilégier les investissements commerciaux plutôt que l’aide, dans l’objectif de réorienter les flux commerciaux en faveur des États-Unis.
Pham a ainsi indiqué que Trump chercherait à renforcer des partenariats économiques stratégiques, en particulier avec des nations comme le Kenya, qui deviendrait un allié encore plus crucial des États-Unis en Afrique de l’Est, en partie en raison de son rôle central dans la lutte contre le terrorisme et de son potentiel économique.
En revanche, des pays comme le Nigeria, dont l’importance géopolitique et économique est indiscutable, sont encore dans l’incertitude concernant l’orientation de la politique étrangère de Trump.
L’équipe de Pham suggère que la priorité sera donnée à des engagements plus ciblés et à une approche plus pragmatique, que ce soit dans le domaine commercial ou dans la gestion de crises sécuritaires.
Pour les États-Unis, il est clair que les relations avec l’Afrique sont loin d’être homogènes et que des ajustements politiques seront nécessaires face à des défis aussi variés que l’expansion chinoise et russe sur le continent ou les questions liées à la sécurité et aux droits de l’homme.
Ce qui semble encore plus certain, c’est que l’orientation de la politique étrangère de Trump pourrait nuancer ses relations diplomatiques avec l’Afrique, et cela aura des implications profondes pour l’avenir des relations transatlantiques.