Le président gabonais déchu Ali Bongo a annoncé qu’il quitterait la vie politique un an après avoir été renversé par un coup d’État militaire.
« Je souhaite réaffirmer mon retrait de la vie politique et la renonciation définitive à toute ambition nationale », a déclaré M. Bongo dans une lettre adressée au peuple gabonais.
L’homme de 65 ans a également appelé à la libération de sa femme et de son fils, qui sont en détention dans l’attente d’un procès pour corruption.
On ne sait pas si sa déclaration fait suite à des négociations avec les dirigeants militaires, ou s’il espère qu’en acceptant de quitter la politique, il garantira la liberté de sa famille.
M. Bongo a subi un accident vasculaire cérébral en 2018 et sa santé a été une source majeure d’inquiétude pour beaucoup à l’approche de l’élection présidentielle de 2023.
L’armée a pris le pouvoir en août dernier, peu après que M. Bongo ait été déclaré vainqueur de l’élection, qui a été contestée par l’opposition.
Il dirigeait le pays riche en pétrole depuis 2009, date à laquelle il a succédé à son père qui était au pouvoir depuis plus de 40 ans. La famille avait des liens étroits avec la France, l’ancienne puissance coloniale du Gabon.
Le coup d’État, mené par le général Brice Oligui Ngeuma, a été salué par des célébrations au Gabon mais a été condamné par les organismes régionaux et continentaux, ainsi que par la France.
Une semaine après le coup d’État militaire, le président déchu a été libéré de sa résidence surveillée mais il est resté dans la capitale, Libreville.
Le général Nguema a jusqu’à présent adopté une approche conciliante envers le président déchu, affirmant qu’il était libre de se rendre à l’étranger.
Mais dans sa lettre, M. Bongo a déclaré que ses déplacements restaient limités et soumis à une surveillance quotidienne.
« Mes visites dépendent de l’autorisation de l’armée. Isolé du monde extérieur sans communications, sans nouvelles de ma famille », a-t-il ajouté.
Il a également appelé à la fin des « violences et tortures » commises contre sa femme Sylvia, d’origine française, et son fils Noureddin et a déclaré qu’ils devraient tous deux être libérés.
Sa femme et son fils sont en détention provisoire pour des accusations de détournement de fonds publics.
Mme Bongo est accusée de blanchiment d’argent, de falsification de documents et de contrefaçon. Elle n’a fait aucun commentaire public sur ces accusations.
Son avocat, François Zimeray, a critiqué sa détention l’année dernière et l’a qualifiée d’arbitraire et d’illégale.
M. Bongo a déclaré que sa femme et son fils étaient des « boucs émissaires impuissants », ajoutant que sa décision de quitter la politique active s’appliquait également à eux.
Les autorités militaires n’ont pas commenté la déclaration de M. Bongo mais ont nié les allégations précédentes selon lesquelles elles torturaient des membres de sa famille.
M. Bongo et sa famille ont été accusés de s’être enrichis aux dépens de la nation pendant leurs décennies au pouvoir – une allégation qu’ils nient.
Le Gabon est un pays riche en pétrole, mais un tiers de ses 2,4 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, selon les Nations Unies.
Tout en reconnaissant les lacunes de sa présidence, M. Bongo a espéré que la junte mettrait fin à ce qu’il a qualifié de « souffrance nationale » et a plaidé pour la réconciliation nationale.
« Je comprends que malgré les réalisations accomplies sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore et cela reste mon plus grand regret. »
Le général Nguema a promis que des élections libres et équitables conduiraient à la mise en place d’un nouveau gouvernement civil.
Il n’a cependant pas fait de commentaires publics sur sa candidature ou non au poste le plus élevé du pays lors des élections prévues l’année prochaine.
« J’appelle mon pays, ses dirigeants et mes concitoyens à renoncer à la vengeance et à écrire sa prochaine histoire avec harmonie et humanité », a ajouté M. Bongo, s’engageant à ne jamais poser de menace ni de trouble pendant la transition du pays.