La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a dénoncé le meurtre brutal d’un membre important du principal parti d’opposition Chadema, qui a été enlevé, battu et aspergé d’acide.
Vendredi, Mohamed Ali Kibao, 69 ans, a été forcé de descendre d’un bus par des agents de sécurité présumés alors qu’il se rendait de la plus grande ville du pays, Dar es Salaam, à sa ville natale de Tanga. Son corps a été retrouvé à Ununio, le quartier riverain de Dar es Salaam, ont rapporté les médias locaux.
L’autopsie a révélé que M. Kibao avait été « sévèrement battu et qu’on lui avait versé de l’acide sur le visage », a déclaré à l’AFP le président du parti Freeman Mbowe.
La présidente Samia a condamné les « actes brutaux » et a demandé une enquête sur le meurtre.
« J’ai ordonné aux agences d’enquête de m’apporter des informations détaillées sur ce terrible incident et d’autres comme celui-ci dès que possible », a-t-elle déclaré dans un message sur X, anciennement Twitter.
« Notre pays est une démocratie et chaque citoyen a le droit de vivre », a-t-elle ajouté.
Le meurtre de M. Kibao intervient dans un contexte d’inquiétudes de l’opposition et des groupes de défense des droits de l’homme face à une répression de l’activité politique.
« Nous ne pouvons pas permettre que nos citoyens continuent de disparaître ou d’être tués de cette façon. La vie des dirigeants du Chadema est actuellement en danger », a déclaré M. Mbowe à l’AFP.
M. Kibao était un officier de renseignement militaire à la retraite qui avait rejoint le Chadema en 2008. Il sera enterré lundi dans le district de Darigube de la ville de Tanga.
Le meurtre de M. Kibao a suscité une condamnation généralisée à travers la Tanzanie, de nombreuses personnes demandant au gouvernement de prendre des mesures suite aux informations faisant état de plusieurs autres personnes enlevées et tuées.
Le mois dernier, de hauts dirigeants du Chadema, M. Mbowe et son adjoint Tundu Lissu, ont été arrêtés après avoir tenté d’organiser un rassemblement de jeunes.
La police a interdit le rassemblement, affirmant qu’il avait pour but de provoquer des violences.
En juillet, un artiste a été accusé d’avoir brûlé une image de la présidente Samia et condamné à deux ans de prison.
De nombreuses personnes craignent que la Tanzanie ne revienne au régime répressif de l’ancien président John Magufuli, bien que son successeur, Mme Samia, ait levé l’interdiction des rassemblements de l’opposition et promis de rétablir une politique compétitive.
En août, Human Rights Watch a déclaré que l’augmentation des arrestations de militants de l’opposition était un « mauvais signe » à l’approche des élections présidentielles de 2025.