La plus haute autorité électorale du Sénégal a annulé jeudi le report par le gouvernement de l’élection présidentielle prévue le 25 février et son report au mois de décembre, jugeant ces mesures inconstitutionnelles.
Le Conseil constitutionnel du Sénégal a annulé le décret signé par le président Macky Sall qui reportait les élections, selon un jugement approuvé par sept membres de l’instance, dont une copie a été obtenue par l’Associated Press.
La décision de l’Assemblée nationale du 5 février de reporter le vote au 15 décembre était également « contraire à la constitution », indique le jugement. « Le conseil constitutionnel, constatant l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue, invite les autorités compétentes à la tenir dans les plus brefs délais », ajoute-t-il.
Le report a plongé le pays dans la tourmente politique, et il n’était pas clair dans l’immédiat si les élections pourraient se dérouler comme prévu initialement, ou si plus de temps serait nécessaire pour permettre les campagnes politiques.
Sall n’a pas immédiatement fait de commentaires publics en réaction à cette décision. Dans une interview accordée la semaine dernière à l’Associated Press, il avait refusé de dire s’il accepterait la décision du tribunal s’il rejetait le retard, affirmant à la place que « je serai en mesure de dire ce que je ferai » lorsque ce jugement sera rendu. .
Le dirigeant sénégalais avait reporté les élections avant le début de la campagne, invoquant un différend entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif sur la liste définitive des candidats ainsi que la double nationalité de certains des candidats.
Le report a été rejeté par les dirigeants de l’opposition qui ont mené une manifestation contre ce report, ce qui a entraîné de violents affrontements avec les forces de sécurité, des arrestations et des coupures d’Internet mobile qui ont encore aggravé les tensions politiques dans l’une des démocraties les plus stables d’Afrique.
Les élections de cette année, contrairement aux années précédentes, ont été en proie à des controverses allant de manifestations meurtrières qui ont conduit Sall à annoncer qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, jusqu’à la disqualification de deux dirigeants de l’opposition.
L’opposition a accusé Sall de comploter pour conserver le pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle, ce que le dirigeant sénégalais a nié. Il a déclaré à l’AP qu’il avait reporté le vote pour éviter que le pays ne sombre dans des « difficultés majeures » liées au conflit électoral.