Une délégation de haut niveau de la CEDEAO, organisation régionale ouest-africaine, a conclu lundi une mission de médiation en Guinée-Bissau sans avancée significative, mais s’est engagée à poursuivre les discussions avec les putschistes plus tard ce mois-ci.
Conduite par le président sierra-léonais Julius Maada Bio, la délégation régionale s’est rendue à Bissau pour tenter d’obtenir le retour à un régime civil après le coup d’État militaire de mercredi dernier.
La junte, qui a interdit les manifestations et les grèves, a affirmé avoir agi pour rétablir la sécurité et la stabilité dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. « Nous avons eu aujourd’hui des discussions très fructueuses », a déclaré le ministre des Affaires étrangères sierra-léonais, Timothy Musa Kabba, s’exprimant au nom de M. Bio.
« Le président de la CEDEAO a condamné le coup d’État et appelle au rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel, notamment à ce que le processus électoral puisse mener à son terme. »
La CEDEAO a condamné le coup d’État et a demandé la réintégration du président Umaro Sissoco Embaló, qui a fui à Brazzaville après son arrestation. En son absence, l’armée a installé l’ancien chef d’état-major, le général Horta Inta-a, à la tête d’un gouvernement de transition qui a déjà formé un nouveau cabinet, composé en grande partie d’alliés du président déchu.
Le ministre des Affaires étrangères, João Bernardo Vieira, nommé par la junte, a déclaré que la CEDEAO resterait impliquée.
« La solution (pour le retour à l’ordre constitutionnel) est de poursuivre la collaboration avec la CEDEAO », a déclaré M. Vieira lundi. « Un délai d’un an avait été fixé pour la fin de la transition, mais la question sera soumise à la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO le 14 décembre. Selon cette décision, ou celle qui en découlera, nous saurons quelles seront les prochaines étapes. »
La CEDEAO a suspendu la Guinée-Bissau de ses instances décisionnelles le lendemain du coup d’État, dans l’attente d’un retour à un régime civil.
L’ONU a également condamné le coup d’État. Le Secrétaire général, António Guterres, a exigé la libération immédiate de tous les acteurs politiques détenus et a rappelé que la volonté du peuple, exprimée lors du scrutin du 23 novembre, devait être respectée. Ce coup d’État militaire est survenu alors que le pays attendait les résultats de l’élection présidentielle du mois précédent.
La Guinée-Bissau a connu de nombreux coups d’État depuis son indépendance du Portugal en 1974.



