La semaine dernière, de fortes pluies ont provoqué un glissement de terrain meurtrier dans le comté d’Elgeyo Marakwet, au Kenya. L’ampleur des dégâts était déchirante. Au moins 26 personnes ont perdu la vie, des centaines de familles ont été déplacées et des maisons, des routes et des terres agricoles ont été emportées.
Au-delà de la dévastation immédiate, cette catastrophe met en lumière un problème plus vaste : le Kenya, comme une grande partie de l’Afrique de l’Est, est confronté aux défis du changement climatique et les communautés locales luttent pour s’y adapter.
Un pays pris entre inondations et sécheresses
En 2022 et 2023, le pays a subi l’une de ses pires sécheresses depuis des décennies, privant des millions de personnes dans des comtés comme Turkana et Garissa de nourriture et d’eau. Puis, entre fin 2023 et début 2024, les fortes pluies d’El Niño ont provoqué des inondations généralisées dans 42 comtés, faisant près de 200 morts et détruisant des infrastructures essentielles.
Un an plus tard, des pluies torrentielles ont déclenché une nouvelle crise humanitaire, cette fois dans les hauts plateaux d’Elgeyo Marakwet.
Les scientifiques alertent sur le fait que ces alternances rapides de sécheresse et d’inondations tendent à devenir la nouvelle norme au Kenya, conséquence du réchauffement climatique qui intensifie les régimes de précipitations tout en asséchant d’autres régions.
Les communautés locales en première ligne
Dans les villages reculés touchés par les derniers glissements de terrain, les secouristes fouillent la boue épaisse à la recherche de survivants. De nombreux habitants affirment n’avoir jamais vu de pluies aussi fortes, tandis que d’autres racontent comment des maisons construites à flanc de colline se sont effondrées en pleine nuit.
Malgré le chaos, les communautés ont fait preuve d’une résilience remarquable. Les volontaires locaux, la Croix-Rouge et les autorités du comté travaillent de concert pour atteindre les zones isolées.
Dans certains villages, les habitants ont installé des abris temporaires dans des écoles et des églises, partageant nourriture et eau en attendant l’aide du gouvernement.
La réponse du Kenya et les défis à venir
Le gouvernement a déployé dans la région une équipe interministérielle comprenant l’armée, des experts météorologiques et des unités d’intervention en cas de catastrophe. Les autorités indiquent qu’elles réévaluent les systèmes d’alerte précoce et envisagent de reloger les familles vivant sur les pentes à haut risque.
Le département météorologique du Kenya publie également des bulletins météorologiques plus fréquents, incitant les habitants des comtés vulnérables à prendre des précautions. Cependant, le manque de ressources, le relief accidenté et le vieillissement des infrastructures continuent de rendre la prévention des catastrophes de grande ampleur difficile.
Les experts affirment que cette tragédie souligne non seulement la vulnérabilité du Kenya, mais aussi l’importance d’une adaptation à long terme.
Renforcer la résilience face au changement climatique
Le pays a élaboré un Plan d’action national pour le changement climatique et créé un Conseil du changement climatique présidé par le président.
Des comtés comme Makueni et Kisumu expérimentent des fonds climatiques locaux qui permettent aux communautés de décider de la meilleure façon d’utiliser les fonds d’adaptation, qu’il s’agisse de projets de collecte des eaux de pluie ou de construction de digues.
Ces efforts montrent que le Kenya prend conscience de l’ampleur de la menace, mais aussi du chemin qu’il reste à parcourir avant que les alertes précoces ne se traduisent par des actions rapides.
Un avertissement et une opportunité
Le glissement de terrain d’Elgeyo Marakwet est un rappel douloureux de plus du coût humain du changement climatique. Il offre également l’occasion de repenser la manière dont le Kenya, et une grande partie de l’Afrique, planifient leurs villes, construisent leurs routes et soutiennent les populations les plus exposées aux aléas climatiques.
Alors que le pays poursuit sa reconstruction, la question n’est pas seulement de savoir comment reconstruire, mais comment construire autrement, de manière à rendre les communautés plus fortes, plus sûres et mieux préparées aux défis de l’avenir.




