Les économistes sud-africains appellent à une coopération internationale renforcée, soulignant l’urgence de contrer les politiques commerciales américaines qui ont gravement perturbé les exportations et pourraient aggraver les pertes d’emplois dans une économie déjà en difficulté.
À peine deux semaines après l’entrée en vigueur du nouveau régime tarifaire américain, les perspectives économiques de l’Afrique du Sud ont été affectées. Confrontée à des droits de douane de 30 % – le taux le plus élevé d’Afrique subsaharienne – imposés par son deuxième partenaire commercial, l’Afrique du Sud a vu ses prévisions de croissance pour cette année et l’année prochaine être revues à la baisse.
Les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis se sont dégradées depuis le retour au pouvoir du président Donald Trump en janvier. Ce dernier a vivement critiqué le gouvernement sud-africain concernant une nouvelle loi foncière qu’il juge discriminatoire à l’égard des Blancs. L’administration Trump a expulsé Ebrahim Rasool, ambassadeur d’Afrique du Sud à Washington, mi-mars, l’accusant d’être un « politicien raciste » opposé à l’administration Trump.
Plusieurs secteurs, représentant environ 35 % des exportations américaines, restent exemptés de droits de douane. Parmi eux figurent le cuivre, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les produits du bois, certains minéraux critiques, la ferraille d’acier inoxydable et les produits énergétiques. Cependant, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Concurrence a averti qu’environ 30 000 emplois étaient menacés.
Jannie Rossouw, professeure d’économie à l’Université du Witwatersrand :
« Ces droits de douane auront de graves répercussions sur les exportations sud-africaines, notamment celles de véhicules, ainsi que sur les exportations agricoles. Malheureusement, des personnes perdront leur emploi et auront du mal à en retrouver un, en raison de l’important problème de chômage que connaît l’Afrique du Sud.»
La semaine dernière, Standard Bank Group, l’une des principales institutions financières sud-africaines, a abaissé ses perspectives économiques pour 2025 à 0,9 %, contre 1,7 % prévu en mars. Pour 2026, elle prévoit une croissance de 1,3 %, contre une prévision antérieure de 2 %.
Coopération mondiale renforcée
Goolam Ballim, économiste en chef du Standard Bank Group, a accusé la politique américaine dite de « tarifs réciproques » de instrumentaliser le commerce comme un outil politique.
« Jusqu’aux deux tiers des exportations sud-africaines sont constituées de produits du secteur minier, de produits manufacturés, et plus particulièrement de produits automobiles. Ces produits sont donc directement visés par les droits de douane très élevés de 30 % », a déclaré Ballim à China Media Group.
« L’Amérique est profondément préoccupée par son déclin, en tant qu’empire, et souhaite enrayer ce déclin, tout en freinant l’ascension d’autres nations. Il s’agit de concurrence internationale et d’instrumentalisation des politiques commerciales et industrielles. Si nous excluons les États-Unis, nous continuerons à œuvrer pour renforcer nos relations avec ce que l’on pourrait appeler le Nord global, à l’exclusion des États-Unis et du Sud global », a déclaré Ballim.
Le gouvernement s’efforce de diversifier les marchés d’exportation de l’Afrique du Sud, notamment en intensifiant le commerce intra-africain. Les pays d’Asie et du Moyen-Orient, notamment les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite, ont été présentés comme des marchés à forte croissance. Le gouvernement a déclaré avoir réalisé des progrès significatifs dans l’ouverture de nouveaux marchés importants comme la Chine et la Thaïlande, en obtenant des protocoles essentiels pour des produits comme les agrumes.
La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique du Sud, représentant 20 % des exportations du pays, contre moins de 8 % pour les États-Unis.
