Lundi, un tribunal de Dar es Salaam a interdit aux médias de diffuser en direct le procès du principal leader de l’opposition tanzanienne, Tundu Lissu, accusé de trahison.
Le magistrat résident principal, Franco Kiswaga, a déclaré que cette interdiction visait à protéger l’identité des témoins civils.
« La diffusion en direct, la retransmission en direct et toute autre forme de diffusion en direct de contenu en ligne au public, y compris sur les réseaux sociaux ou par vidéo… sont par la présente interdites », a statué M. Kiswaga lors de l’audience préliminaire tenue lundi devant le tribunal résident de Kisutu.
En avril, Lissu a été arrêté à la suite d’un discours qui, selon le parquet, appelait le public à perturber les élections présidentielle et législatives prévues en octobre. S’il est reconnu coupable, l’homme politique encourt la peine de mort.
Lissu a condamné la décision de tenir le procès à huis clos, affirmant que cette interdiction permettrait au tribunal de fonctionner dans l’« obscurité » et empêcherait ses partisans de suivre l’affaire. « Justice doit être rendue et être visible », a-t-il déclaré.
Lissu est le chef du principal parti d’opposition tanzanien, le CHADEMA, qui s’est vu interdire de participer aux élections générales d’octobre après avoir exigé des modifications du processus électoral qui, selon lui, favorise le parti au pouvoir.
Bien qu’ayant été blessé par balle à 16 reprises lors d’une tentative d’assassinat en 2017, cet ancien avocat de 57 ans s’est présenté à l’élection présidentielle de 2020, où il est arrivé deuxième.
Une série d’arrestations très médiatisées et d’enlèvements inexpliqués a mis en lumière le bilan de la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan en matière de droits humains.
Un rapport de 2024 du Département d’État américain a indiqué que la situation des droits humains dans ce pays d’Afrique de l’Est s’était détériorée, avec de nombreuses violations perpétrées par le gouvernement, notamment « des exécutions arbitraires ou illégales ; des disparitions ; des actes de torture ou des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; des arrestations ou détentions arbitraires ; et de graves restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias ».