Le Département d’État américain s’apprête à déployer un programme de caution pour visas qui obligerait les voyageurs de certains pays à payer jusqu’à 15 000 dollars avant d’entrer aux États-Unis avec un visa touristique ou d’affaires.
Cette mesure relance une politique de l’ère Trump, initialement proposée en novembre 2020, ciblant les pays présentant un taux élevé de dépassement de la durée de séjour autorisée, notamment en Afrique.
Selon un projet de règlement, ce programme pilote de 12 mois s’appliquerait aux ressortissants de pays où le taux de dépassement de la durée de séjour autorisée dépasse 10 %. Ces cautions visent à garantir que les voyageurs quittent les États-Unis à temps. Les visiteurs seraient remboursés en cas de départ, de naturalisation ou de décès.
La liste officielle des pays concernés sera publiée sur le site Travel.State.Gov au moins 15 jours avant l’entrée en vigueur du programme et pourra être mise à jour avec un préavis similaire. Des données fédérales antérieures indiquaient que des pays comme le Tchad, l’Érythrée, Haïti, la Birmanie, le Yémen, le Burundi, Djibouti et le Togo présentaient des taux élevés de dépassement de la durée de séjour autorisée.
Un avis, qui sera publié le 5 août, précise que ce programme aidera le Département d’État à évaluer la faisabilité du recours aux cautions comme outil d’application de la loi, en coordination avec le Département de la Sécurité intérieure et le Département du Trésor.
Si la version initiale de 2020 de cette politique n’a jamais été mise en œuvre, cette nouvelle initiative s’inscrit dans un contexte de durcissement plus large des règles d’immigration sous l’influence de Trump, notamment :
- Une interdiction de voyager visant principalement les pays d’Afrique et du Moyen-Orient ;
- La suppression du statut de protection pour de nombreux immigrants ;
- Une proposition de frais d’intégrité de visa de 250 $, parmi les plus élevés au monde ;
- De nouvelles règles obligeant les étudiants étrangers à partager leur activité en ligne et leurs profils sur les réseaux sociaux dans le cadre de la procédure de visa.
Un porte-parole du Département d’État a déclaré à Reuters que les pays seraient sélectionnés en fonction de plusieurs facteurs, notamment les taux de dépassement de la durée de séjour autorisée, la faiblesse des systèmes de contrôle et les inquiétudes concernant les programmes de « citoyenneté par investissement ».
L’U.S. Travel Association, qui représente l’industrie touristique, estime que le programme pourrait affecter environ 2 000 demandeurs, principalement originaires de pays où le nombre de voyages aux États-Unis est faible. L’association a averti que ces politiques, combinées aux retards de visa et aux nouveaux frais, contribuent déjà à une forte baisse du tourisme. Rien qu’en mars, les arrivées de l’étranger ont chuté de 11,6 %, tandis que les voyages en provenance du Canada et du Mexique ont diminué de 20 % sur un an.
Les défenseurs des droits de l’homme et les experts en immigration ont également exprimé des inquiétudes quant au fait que ces politiques pourraient conduire à des profilages, à des détentions et décourager davantage les voyages aux États-Unis, en particulier en provenance des pays du Sud.