La cheffe de l’opposition rwandaise Victoire Ingabire restera en détention après que les juges du tribunal de première instance de Kicukiro, à Kigali, ont refusé sa libération sous caution mardi. Le tribunal a invoqué le risque de fuite et une possible interférence avec une enquête en cours pour justifier son maintien en détention provisoire.
Victoire Ingabire, critique éminente du président Paul Kagame, fait face à six chefs d’accusation, dont la formation ou l’appartenance à un groupe illégal et la diffusion de messages de haine visant à provoquer l’opinion internationale contre le gouvernement. Le parquet soutient que les preuves sont suffisamment solides pour justifier son maintien en détention pendant la durée de l’enquête.
Ces accusations sont liées aux arrestations, en 2021, de plusieurs de ses partisans qui avaient participé à une formation politique en ligne. Les autorités allèguent qu’au cours de cette formation, les participants ont discuté d’un livre intitulé « Comment renverser un dictateur quand on est seul, petit et sans armes », ce qui, selon elles, témoigne d’une intention d’inciter à l’agitation.
Victoire Ingabire a nié toutes les accusations et a précédemment qualifié celles-ci de motivées par des considérations politiques. Elle est depuis longtemps l’une des rares figures de l’opposition à rester active politiquement au Rwanda, tandis que de nombreuses autres se sont exilées. Emprisonnée en 2010 après son retour d’un exil aux Pays-Bas, elle a ensuite été libérée grâce à une grâce présidentielle en 2018.
Ses derniers ennuis judiciaires surviennent alors que les groupes de défense des droits de l’homme continuent de s’inquiéter de la répression politique et du rétrécissement de l’espace d’opposition au Rwanda. La prochaine comparution d’Ingabire devant le tribunal est prévue le 15 juillet.