Le Soudan du Sud a annoncé qu’il autoriserait désormais l’entrée sur son territoire d’un homme expulsé des États-Unis, une mesure radicale visant à apaiser un conflit de visas entre les deux pays.
Samedi, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé que les États-Unis révoqueraient les visas américains de tous les Sud-Soudanais. Il a expliqué qu’il s’agissait d’une réponse au refus du Soudan du Sud d’accepter le retour de ses citoyens expulsés des États-Unis.
Dans sa première réaction, le ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud a déclaré que cette décision était motivée par le cas d’une personne ayant été identifiée à tort comme Sud-Soudanaise et renvoyée.
Le gouvernement affirme désormais qu’il autorisera l’entrée de cet homme sur son territoire « dans l’esprit des relations amicales ».
Il ajoute que l’homme expulsé, identifié comme étant originaire de la République démocratique du Congo, pourrait arriver à Juba, la capitale, dès mercredi.
« Suite à cette décision, le gouvernement a demandé aux autorités compétentes de l’aéroport international de Juba de faciliter son arrivée », a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud dans un communiqué publié mardi.
Évoquant d’autres expulsions possibles, le ministère a déclaré que le pays s’engageait à soutenir le retour de ses « ressortissants vérifiés » dont l’expulsion des États-Unis est prévue.
Cette décision américaine prise ce week-end est la première prise par les États-Unis de cibler tous les détenteurs de passeports d’un pays donné depuis le retour du président Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, après avoir mené une campagne anti-immigration et promis des « expulsions massives ».
Dans sa déclaration de samedi, Rubio a déclaré que les États-Unis bloqueraient également aux points d’entrée américains tout citoyen du Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde, arrivant sur le territoire américain.
Il a imputé la responsabilité de « l’incapacité du gouvernement de transition du Soudan du Sud à accepter le retour de ses citoyens rapatriés dans les délais impartis ».
« Nous serons prêts à réexaminer ces mesures lorsque le Soudan du Sud coopérera pleinement », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié lundi, le ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud a déclaré regretter profondément cette mesure générale prise contre tous les citoyens du pays, fondée sur un incident isolé impliquant de fausses déclarations de la part d’un individu qui n’est pas un ressortissant sud-soudanais.
L’homme au cœur de la controverse concernant les visas était un ressortissant congolais, qui a été renvoyé aux États-Unis. Il a ajouté que toutes les preuves à l’appui avaient été communiquées aux responsables américains.
Le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau a toutefois rejeté l’explication du Soudan du Sud, la jugeant « juridiquement dénuée de pertinence », affirmant que l’ambassade du pays africain à Washington avait « certifié cet individu comme l’un de ses ressortissants ».
« Il est inacceptable et irresponsable de la part des responsables du gouvernement sud-soudanais de remettre en question la décision de leur propre ambassade », a ajouté M. Landau.
Le ministre de l’Information du Soudan du Sud, Michael Makuei Lueth, a déclaré à l’agence de presse AP que les États-Unis « cherchaient à critiquer la situation tendue » dans le pays, car aucune nation souveraine n’accepterait d’expulsions étrangères.
Cette controverse survient alors que les craintes grandissent d’un nouveau effondrement du Soudan du Sud dans la guerre civile, suite à l’assignation à résidence du premier vice-président du pays, Riek Machar.
Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a accusé Machar d’avoir fomenté une nouvelle révolte.
Le mois dernier, les États-Unis ont ordonné le départ de tout leur personnel non affecté aux urgences au Soudan du Sud, alors que des combats ont éclaté dans une partie du pays, menaçant le fragile accord de paix conclu en 2018 et mettant fin à cinq ans de guerre civile.
Les Sud-Soudanais aux États-Unis bénéficiaient auparavant du statut de protection temporaire (TPS), qui leur permettait de rester aux États-Unis pendant une durée déterminée.
Le TPS pour les Sud-Soudanais aux États-Unis devait expirer le 3 mai.