Plusieurs partis d’opposition en République démocratique du Congo (RDC) ont boycotté les consultations politiques en cours initiées par le président Félix Tshisekedi, visant à former un gouvernement d’union nationale.
S’adressant aux médias locaux, ils ont déclaré que l’approche du président Tshisekedi ne résoudra pas la crise sécuritaire actuelle, mais renforcera plutôt « un gouvernement en crise de légitimité ».
Les membres de l’opposition affirment qu’ils ne soutiendront pas ce qu’ils qualifient de « charade politique et de fuite en avant du pouvoir ». Ils soutiennent plutôt l’initiative d’un dialogue inclusif, recommandée par les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les pasteurs de l’Église du Christ au Congo (ECC), afin de proposer une solution durable au conflit dans l’est de la RDC.
Le parti politique « Ensemble pour la République », dirigé par Moïse Katumbi, fait partie de ceux qui refusent de participer à tout autre processus de dialogue parallèle à l’initiative des évêques.
« Ces autorités ecclésiastiques ont réussi à dialoguer avec toutes les parties prenantes, y compris l’opposition armée et non armée, institutionnelle et extra-institutionnelle, et leur approche a également reçu le soutien des chefs d’État de la sous-région et de certains partenaires occidentaux. Nous soutenons toute initiative que ces autorités lanceront, et nous pensons qu’il est grand temps de prendre nos responsabilités et de comprendre que la situation dans notre pays ne nécessite plus de solutions superficielles ni de jeux de chaises musicales avec des postes à attribuer. Nous devons faire face à des situations politiques qui exigent avant tout de nous unir avant de rechercher un gouvernement d’union nationale », a expliqué Hervé Diakèse, porte-parole d’Ensemble pour la République.
Cette réponse est similaire à celle d’ECIDE (Martin Fayulu), de LGD (Matata Ponyo Mapon) et d’Envol (Delly Sessanga). Tous appellent Félix Tshisekedi à « cesser les manœuvres politiques et à placer les intérêts du peuple au-dessus de ses ambitions ».
Par ailleurs, le FCC, la famille politique de l’ancien président Joseph Kabila, s’interroge sur la nécessité de cette nouvelle initiative, alors que plusieurs autres sont déjà en cours.
Le FCC refuse ainsi de participer à « un service qui, de toute évidence, vise davantage à légitimer et à défendre un gouvernement qu’à servir la cause d’une paix durable et les intérêts supérieurs du peuple congolais dans sa diversité », comme l’indique sa déclaration publiée lundi.
Ces dernières semaines, la RD Congo a été marquée par plusieurs manifestations de l’opposition, exprimant son mécontentement envers la gestion du conflit à Goma, ville de l’est du pays, par le gouvernement du président Félix Tshisekedi.
Depuis le déclenchement en janvier d’une escalade majeure de leurs combats qui durent depuis dix ans avec les forces congolaises, les rebelles du M23 ont pris le contrôle des villes de Goma et de Bukavu, ainsi que de plusieurs localités de l’est du Congo, faisant craindre une guerre régionale impliquant des voisins dont les armées sont également présentes sur le terrain.
Les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu ont échoué la semaine dernière après que les rebelles se sont retirés des négociations facilitées par l’Angola, condamnant les sanctions de l’Union européenne contre ses dirigeants. Après que le président angolais et président de l’Union africaine, Joao Lourenço, s’est retiré lundi de son rôle de médiateur clé, les dirigeants d’Afrique australe et orientale ont annoncé lors d’un sommet conjoint la création d’un panel de cinq anciens présidents africains pour aider à trouver une résolution pacifique du conflit.