La veuve de l’ancien président Juvénal Habyarimana est mise en examen en France depuis 2008 pour son implication présumée dans un génocide et des crimes contre l’humanité.
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a déposé un appel, examiné mercredi à Paris, visant à inculper formellement Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais, dans le cadre de l’enquête en cours sur son rôle présumé dans le génocide des Tutsis de 1994.
Une source judiciaire a confirmé que la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris examinait la demande du procureur à huis clos.
Le 3 septembre, le PNAT avait déjà émis un acte d’accusation supplémentaire, demandant des inculpations formelles pour « complot en vue de commettre un génocide et crimes contre l’humanité », tout en prolongeant la durée de l’enquête jusqu’au 1er mars 1994 et en ouvrant des investigations complémentaires.
Aujourd’hui âgée de 82 ans, Agathe Kanziga Habyarimana est accusée depuis des années d’être un membre clé de l’« Akazu », le cercle restreint du pouvoir hutu soupçonné d’avoir planifié le génocide. Elle a toujours nié ces accusations.
Elle a été évacuée vers l’Europe avec sa famille le 9 avril 1994, à la demande du président français François Mitterrand, proche collaborateur de son mari.
Depuis 1998, elle réside en France sans statut légal.
Malgré les demandes d’extradition du Rwanda, la France a refusé de la renvoyer, invoquant des inquiétudes quant à son implication dans l’un des événements les plus horribles du XXe siècle.
Une plainte déposée en 2008 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) a ouvert une enquête française sur sa complicité présumée de génocide et de crimes contre l’humanité.
En février 2022, le juge d’instruction a déclaré l’affaire close, indiquant un classement sans suite probable. La défense a soutenu que la durée de l’enquête était excessive.
Néanmoins, en août 2022, le PNAT a demandé des audiences et des contre-interrogatoires supplémentaires, qualifiant cette affaire d’une des plus complexes encore en cours d’examen.
Pendant le génocide de 1994, environ 800 000 personnes, principalement des Tutsis et des Hutus modérés, ont été tuées par les Forces armées rwandaises et les milices extrémistes hutues.