Le shilling kényan est resté pratiquement inchangé ce mardi, mais les analystes du marché estiment qu’il pourrait bientôt bénéficier d’un soutien grâce à l’augmentation des entrées de devises étrangères provenant des transferts de fonds des Kenyans vivant à l’étranger.
À 07h32 GMT, les banques commerciales affichaient un taux de change du shilling à 129,10/60 par dollar américain, un niveau légèrement amélioré par rapport à la clôture de la veille, qui était de 129,20/70. Cette stabilité relative s’inscrit dans un contexte où la monnaie locale a été sous pression ces derniers mois en raison de la demande accrue en dollars pour le règlement des importations et du service de la dette extérieure.
Les envois de fonds des Kenyans de la diaspora représentent une source cruciale de devises pour le pays et jouent un rôle clé dans le soutien du shilling face aux fluctuations du marché des changes. Selon les données de la Banque centrale du Kenya, ces transferts ont connu une tendance haussière ces dernières années, atteignant plus de 4 milliards de dollars en 2023, ce qui en fait une des principales sources de revenus en devises pour le pays, aux côtés du tourisme et des exportations de produits agricoles comme le thé et le café.
Les traders soulignent que l’afflux de dollars attendu des envois de fonds en mars pourrait aider à stabiliser la monnaie et même à la renforcer légèrement face au billet vert. En effet, les mois où les transferts sont plus élevés coïncident souvent avec des périodes de relative appréciation du shilling. Traditionnellement, ces flux augmentent durant certaines périodes de l’année, notamment lors des fêtes ou en début d’année scolaire, lorsque les Kenyans expatriés envoient davantage d’argent à leurs familles pour couvrir les dépenses éducatives et autres besoins essentiels.
Cependant, malgré cet afflux potentiel, d’autres facteurs pourraient continuer à peser sur la devise kényane. La forte dépendance du Kenya aux importations énergétiques, notamment pour le pétrole, maintient une forte demande en dollars, ce qui limite les possibilités d’appréciation du shilling. De plus, la politique monétaire menée par la Réserve fédérale américaine, qui maintient des taux d’intérêt élevés, favorise le renforcement du dollar sur les marchés mondiaux, rendant plus difficile l’appréciation des monnaies des marchés émergents, y compris le shilling kényan.
À court terme, les acteurs du marché observeront attentivement l’évolution des flux de transferts de fonds ainsi que les interventions potentielles de la Banque centrale du Kenya pour soutenir la monnaie. La question reste de savoir si ces entrées en devises suffiront à compenser la pression exercée par la demande locale en dollars et les facteurs externes affectant les marchés émergents.